L’évaluation du degré de fibrose hépatique est importante pour décider du traitement et établir le pronostic des patients atteints de maladies hépatiques chroniques. Jusqu’à il y a quelques années, il était nécessaire d’effectuer une biopsie du foie pour étudier le degré de fibrose. Cependant, il existe actuellement plusieurs méthodes non invasives pour estimer le degré de fibrose. Ces méthodes sont des tests d’imagerie (ex. FIBROTAC), des marqueurs biochimiques simples (ex. : indice de Forns), des marqueurs de la fibrogenèse (TGFβ1, TIMP1 [tissu inhibiteur des métalloprotéases 1, tissu inhibiteur des métalloprotéases de type 1], PIIIP [peptide amino-terminal du procollagène III ] et acide hyaluronique) et plus récemment l’élastographie.
Ces méthodes permettent d’estimer le degré de fibrose avec une précision suffisante, bien que son utilité pour l’évaluation des modifications modérées ne soit pas bien démontrée.
Actuellement, la biopsie hépatique est indiquée lorsqu’en plus de vouloir déterminer le degré de fibrose, il existe des doutes diagnostiques et qu’une information précise est nécessaire sur le type d’infiltrat inflammatoire (ex. : patients transplantés hépatiques).
L’hépatite C chronique est la maladie la plus étudiée. La réponse virologique maintenue chez les patients ayant reçu de l’IFN-α et de la ribavirine diminue la progression de la fibrose. Même une proportion de patients atteints de fibrose avancée ou de cirrhose peut inverser de manière significative le stade de la fibrose. Ainsi, une étude récente montre que les patients traités avec différents schémas d’IFN et de ribavirine ont une amélioration de la fibrose chez un tiers, une stabilisation de celle-ci chez 60%, alors que seulement 10% montrent une progression de la fibrose malgré l’élimination virale.
Un fait remarquable est que les patients atteints de fibrose plus sévère répondent moins bien au traitement antiviral. Il est possible que des mécanismes fibrogènes intrahépatiques puissent moduler la réponse antivirale. De même, l’élimination de la réplication du virus de l’hépatite B au moyen d’un traitement antiviral est associée à une régression du degré de fibrose hépatique chez près de la moitié des patients. Cet effet a été décrit dans divers médicaments tels que la lamivudine, l’adéfovir, l’entacavir et le ténofovir. On ne sait pas si l’un de ces médicaments pourrait avoir une action antifibrogène et, par conséquent, être indiqué chez les patients atteints de fibrose avancée. Il existe peu d’informations sur les effets du sevrage alcoolique sur la fibrose dans les maladies hépatiques induites par l’alcool. Il est nécessaire de mener de nouvelles études pour évaluer l’effet d’une diminution de la consommation d’alcool ou de l’abstinence chez ces patients, ainsi que les facteurs qui régulent la régression de la fibrose. Il existe des preuves récentes indiquant que la perte de poids après la chirurgie bariatrique est associée à une amélioration histologique de la NASH (stéatohépatite non alcoolique), avec une diminution de la fibrose. Cet effet bénéfique est corrélé à la normalisation des paramètres métaboliques et a été décrit même chez des patients présentant une fibrose avancée.
Enfin, la fibrose secondaire à une obstruction biliaire est inversée après résolution chirurgicale de la condition. Toutes ces observations cliniques indiquent que l’élimination de l’agent causal entraîne une amélioration de la fibrose hépatique, quelle qu’en soit la cause.
Les mécanismes cellulaires et moléculaires responsables de la réversibilité de la fibrose hépatique chez l’homme sont inconnus, ainsi que les facteurs environnementaux et génétiques qui régulent la dégradation du collagène. Il est possible qu’après un suivi prolongé, la fibrose soit complètement inversée chez certains patients. La connaissance des mécanismes impliqués dans la régression de la fibrose pourrait permettre de développer des traitements coadjuvants pour les patients répondant au traitement étiologique, afin de favoriser la dégradation de la matrice extracellulaire accumulée.
Utilisation de médicaments antifibrogènes
Les études existantes chez les patients ne permettent pas de recommander l’utilisation d’un médicament antifibrogène pour le moment. Cependant, de nombreuses études expérimentales chez les rongeurs ont démontré l’utilité de divers médicaments dans des modèles de lésions hépatiques chroniques . La plupart de ces médicaments, cependant, n’ont pas été étudiés dans des études humaines contrôlées.
Conclusion
Étant donné que la fibrose représente une réponse à une lésion hépatique, le traitement principal doit se concentrer sur la cause en supprimant l’élément qui endommage le foie.