Relier la privation de sommeil à une sensibilité accrue à la douleur : nouvelles connaissances et solutions

Le manque de sommeil est un problème mondial omniprésent qui touche une partie importante de la population adulte. Des études suggèrent qu’environ les deux tiers des adultes présentent des symptômes occasionnels deinsomnie, et on estime que 50 à 70 millions d’Américains sont confrontés à des problèmes récurrentstroubles du sommeilcommeapnée du sommeilouinsomnie.(1,2)

Les conséquences d’un sommeil insuffisant sont considérables et sont associées à sept des 15 principales causes de décès rien qu’aux États-Unis, y compris des affections graves commemaladie cardiovasculaire, les accidents etdiabète.(3,4)De plus, les personnes qui manquent constamment de sommeil subissent souvent toute une série d’inconforts physiques, notammentmaux de tête,migraine, courbatures,douleur au bas du dos, et parfois même persistant, implacabledouleur chronique.(5,6,7) 

Des chercheurs du Massachusetts General Hospital se sont penchés sur les mécanismes sous-jacents, postulant qu’un neurotransmetteur particulier subit une diminution lors d’épisodes de sommeil insuffisant.(8)Ces découvertes, récemment présentées dans la revue Nature Communications, mettent en lumière la relation complexe entre la privation de sommeil et l’inconfort physique.(9)

La perte de sommeil peut-elle réellement augmenter la sensibilité à la douleur ?  

Bien qu’il soit largement reconnu qu’il existe un lien étroit entre le manque de sommeil et une perception accrue de la douleur, les mécanismes précis qui sous-tendent cette relation ne sont pas clairement compris. Selon les chercheurs de cette étude, malgré cette compréhension commune, les raisons exactes pour lesquelles la perte de sommeil favorise la douleur n’ont en réalité pas été entièrement clarifiées. 

Pour approfondir ce phénomène, l’équipe de recherche a mené des études sur un modèle murin. Leur objectif était de découvrir les mécanismes spécifiques liant le manque de sommeil et la sensibilité accrue à la douleur. Leur enquête a révélé qu’un neurotransmetteur crucial appelé N-arachidonoyl dopamine (NADA) connaît une diminution de ses niveaux dans une région du cerveau connue sous le nom de noyau réticulaire thalamique (TRN) en réponse à la privation de sommeil.(10,11)Ceci, à son tour, conduit à une sensibilité accrue à la douleur, une condition médicalement appelée hyperalgésie. 

Le chercheur principal a donné un aperçu de l’importance du TRN, expliquant qu’il joue un rôle crucial dans la régulation du flux d’informations entre deux régions cérébrales vitales : le thalamus et le cortex cérébral, qui font tous deux partie intégrante de l’expérience de la douleur. Le déficit en NADA dans le TRN, induit par le manque de sommeil, peut entraîner un dysfonctionnement du TRN. Ce dysfonctionnement, communiqué par ses connexions au thalamus, amplifie à terme la sensibilité à la douleur.

Essentiellement, cette recherche met en lumière les processus neurochimiques complexes qui sont à la base de l’association entre la privation de sommeil et la perception accrue de la douleur, offrant ainsi des informations précieuses sur les pistes potentielles pour résoudre à la fois les problèmes liés au sommeil etgestion de la douleur chronique. 

La relation complexe entre la douleur chronique et les problèmes de sommeil

Douleur chronique, défini comme un inconfort persistant durant plus de trois à six mois, est une expérience courante chez certaines personnes. Contrairement à la douleur typique, la douleur chronique persiste et peut avoir un impact significatif sur la vie quotidienne. Ce type de douleur englobe des conditions telles quearthrite,couetmal de dos,fibromyalgie,maux de tête, et même la douleur associée au tissu cicatriciel ou à certaines conditions médicales.

Des recherches antérieures ont établi une relation réciproque entre la douleur chronique et les troubles du sommeil, chacune pouvant exacerber l’autre.(12)Certains spécialistes de la gestion de la douleur ont souligné que cela était dynamique, le décrivant comme un « cercle vicieux », dans lequel la douleur chronique peut à la fois provenir et conduire à des problèmes de sommeil insuffisant.

Essentiellement, la douleur chronique peut agir comme un catalyseur des troubles du sommeil, rendant plus difficile pour les individus d’obtenir un sommeil réparateur et réparateur. L’inconfort et l’inconfort associés à la douleur chronique peuvent entraîner des difficultés à s’endormir, à rester endormi ou à atteindre des phases de sommeil profond et réparateur. Cette qualité de sommeil compromise peut, à son tour, exacerber l’expérience de la douleur chronique, car elle altère les processus naturels de guérison et de récupération du corps.(13,14)

À l’inverse, un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité peut également contribuer à une sensibilité accrue à la douleur et à la persistance de la douleur chronique. La privation de sommeil peut entraîner des altérations de la perception de la douleur, amplifiant potentiellement l’intensité de la douleur ressentie par un individu. De plus, des habitudes de sommeil perturbées peuvent avoir un impact négatif sur l’humeur, la cognition et le bien-être général, ce qui peut exacerber encore davantage l’expérience de la douleur chronique.(15,16)

Cette relation réciproque souligne l’importance d’aborder la douleur chronique et les troubles du sommeil de manière holistique. Des approches thérapeutiques globales ciblant les deux aspects de cette interaction complexe sont essentielles pour gérer et améliorer efficacement le bien-être des personnes aux prises avec des douleurs chroniques et des problèmes de sommeil. En se libérant de ce « cercle vicieux », les individus peuvent constater des améliorations significatives de leur qualité de vie globale.

Examen de la douleur résultant du manque de sommeil : enseignements tirés de la recherche

À la lumière des découvertes récentes, l’équipe de recherche reste optimiste quant aux implications potentielles pour lutter contre la douleur chronique induite par la perte de sommeil. Leurs recherches fournissent une base solide pour examiner l’interaction complexe entre la douleur chronique et un sommeil insuffisant. De plus, l’identification du neurotransmetteur N-arachidonoyl dopamine (NADA) offre une voie prometteuse pour une exploration plus approfondie, suggérant que cette molécule, ou des molécules similaires, pourrait détenir la clé pour soulager la douleur liée au manque de sommeil.

Les auteurs de l’étude ont souligné l’importance plus large de ces découvertes, soulignant que la douleur chronique est une maladie complexe et multiforme. Cette reconnaissance souligne la nécessité d’une approche globale et multidisciplinaire pour traiter efficacement la douleur chronique et ses divers facteurs sous-jacents. Pour l’avenir, l’équipe a des projets ambitieux pour mener d’autres études mécanistiques, approfondissant le fonctionnement complexe de différents types de cellules au sein du noyau réticulaire thalamique (TRN) et leur impact collectif sur la douleur induite par la perte de sommeil. De plus, des études translationnelles se profilent également à l’horizon, visant à déterminer les bénéfices thérapeutiques potentiels du NADA, ou d’autres molécules, dans le traitement de la douleur provoquée par le manque de sommeil. 

Cette recherche représente un pas important vers la compréhension de la relation complexe entre la qualité du sommeil et la douleur chronique. En explorant de nouvelles voies pour soulager la douleur, ces résultats sont prometteurs pour améliorer la vie des personnes aux prises avec les effets débilitants de la douleur chronique exacerbée par le manque de sommeil. Avec une approche multidimensionnelle, on peut espérer des stratégies de gestion de la douleur plus efficaces et plus ciblées à l’avenir.

Explorer des solutions non narcotiques pour une meilleure gestion de la douleur

Selon certains experts du sommeil, l’accent mis par l’étude sur l’utilisation d’une substance naturelle comme la N-arachidonoyl dopamine (NADA) pour soulager la douleur, plutôt que des narcotiques créant une dépendance, présente une alternative intrigante et souhaitable. Les experts ont noté que la recherche souligne l’impact profond de la privation de sommeil sur les niveaux de douleur, car elle entraîne une réduction des niveaux de NADA, contribuant ainsi à une augmentation des sensations de douleur. Cela souligne le rôle essentiel du sommeil dans les processus de guérison et de régénération du corps.

Il est également important de réaliser que la NADA pourrait également être impliquée dans des maladies chroniques telles queLa maladie de Parkinson,La maladie d’Alzheimer,sclérose en plaques, etépilepsie. L’exploration de cette voie auprès des populations atteintes de ces maladies pourrait potentiellement donner lieu à des options de traitement plus efficaces.

D’autres experts ont également fait écho au même sentiment, exprimant l’espoir que les sociétés pharmaceutiques approfondissent leurs recherches. Ils envisagent le développement de traitements qui remédieraient au déficit de NADA dans le système nerveux central, modulant efficacement sa fonction et atténuant potentiellement l’hyperalgésie nocturne chez les patients souffrant de douleur chronique. De tels progrès pourraient non seulement améliorer la qualité du sommeil de ces personnes, mais également contribuer à prévenir une escalade des niveaux de douleur pendant cet état de vulnérabilité. De nombreux autres experts médicaux ont également préconisé l’extension de cette recherche aux sujets humains et le développement ultérieur d’interventions pharmaceutiques dans la poursuite de cet objectif.

Conseils éprouvés pour une meilleure qualité de sommeil

Voici quelques conseils pour mieux dormir : 

  • Établissez un horaire de sommeil cohérent :Essayez de vous coucher et de vous réveiller à la même heure chaque jour, même le week-end. Cela aide à réguler l’horloge interne de votre corps.
  • Créez une routine relaxante au coucher :Participez à des activités apaisantes avant de vous coucher, comme lire un livre, prendre un bain chaud ou pratiquertechniques de relaxationcommerespiration profondeouméditation.
  • Limiter l’exposition aux écrans :Évitez les écrans (téléphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs) au moins une heure avant le coucher. La lumière bleue émise par les écrans peut interférer avec votre capacité à vous endormir.
  • Créez un environnement de sommeil confortable :Assurez-vous que votre chambre est propice au sommeil en maintenant une atmosphère fraîche, sombre et calme. Investissez dans un matelas et des oreillers confortables.
  • Limitez votre consommation de caféine et de nicotine :Évitez de consommercaféineetnicotineprès de l’heure du coucher, car ce sont des stimulants qui peuvent rendre l’endormissement plus difficile.
  • Offrez-vous une activité physique régulière :S’engager régulièrementactivité physiquepeut aider à favoriser un meilleur sommeil. Cependant, évitez les exercices vigoureux à l’approche de l’heure du coucher, car ils pourraient être trop stimulants.
  • Limiter les siestes :Si vous avez besoin de faire une sieste pendant la journée, faites-la courte (20 à 30 minutes) et évitez de faire une sieste tard dans l’après-midi, car cela pourrait perturber votre sommeil nocturne.
  • Surveillez votre alimentation :Évitez les repas copieux, les aliments épicés et les liquides excessifs à l’approche de l’heure du coucher, car ils peuvent causer de l’inconfort et perturber votre sommeil.
  • Gérer le stress :Pratiquez des techniques de relaxation, telles quepleine conscienceouyoga, pour aider à calmer votre esprit et à réduire les niveaux de stress, facilitant ainsi l’endormissement.
  • Recherchez une exposition à la lumière naturelle :Bénéficiez d’une exposition régulière à la lumière naturelle pendant la journée. La lumière naturelle aide à réguler l’horloge interne de votre corps et améliore la qualité du sommeil.
  • Évitez de regarder l’horloge :Regarder l’horloge peut créer de l’anxiété à l’idée de ne pas pouvoir s’endormir, ce qui rend cet effort encore plus difficile. Éteignez l’horloge ou retirez-la de la vue.

N’oubliez pas, cependant, que si vous avez constamment du mal à vous endormir ou à rester endormi, il est important de consulter un médecin pour écarter tout trouble du sommeil ou problème médical sous-jacent.

Conclusion

Des recherches ont montré qu’un sommeil insuffisant peut entraîner une perception accrue de la douleur, une diminution de la tolérance à la douleur et une sensibilité globale accrue aux stimuli douloureux. Cette relation met en évidence l’importance de donner la priorité à une bonne hygiène du sommeil pour gérer et prévenir les douleurs chroniques. Intégrer de bonnes habitudes de sommeil à votre routine peut contribuer à améliorer la qualité et la durée de votre sommeil.

Références :

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  4. Van Cauter, E. (2021). L’impact d’un mauvais sommeil sur le diabète de type 2 | NIDDK. [en ligne] Institut National du Diabète et des Maladies Digestives et Rénales. Disponible sur : https://www.niddk.nih.gov/health-information/professionals/diabetes-discoveries-practice/the-impact-of-poor-sleep-on-type-2-diabetes.
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