Percée dans la gestion du cholestérol : un nouveau médicament oral cible les niveaux génétiques élevés de Lp(a) »

Introduction à la lipoprotéine (a) – une forme unique de cholestérol

La lipoprotéine(a), souvent abrégée en Lp(a), est une forme unique de cholestérol dans le corps humain. Il est considéré comme une variation génétique du cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL), communément appelé « mauvais » cholestérol. Près de 20 à 25 pour cent des personnes dans le monde ont des taux élevés de Lp(a) dans leur sang.(1,2)

Contrairement à d’autres formes de cholestérol, telles que le LDL ou les lipoprotéines de haute densité (HDL), qui peuvent être influencées par des changements de mode de vie comme l’alimentation et l’exercice, les niveaux de Lp(a) sont principalement déterminés par la génétique. Cela signifie que les méthodes conventionnelles utilisées pour gérer le cholestérol peuvent ne pas réduire efficacement les niveaux de Lp(a).(3)

Bien que l’organisme ait besoin d’une certaine quantité de cholestérol pour ses fonctions vitales, un excès de cholestérol LDL peut entraîner une maladie appeléeathérosclérose. Cette condition implique l’accumulation de cholestérol, formant des plaques sur les parois internes des artères, ce qui entrave la bonne circulation du sang.(4,5)

La Lp(a) possède une plus grande propension à coller, facilitant l’accumulation de plaques et provoquant potentiellement des blocages dans les artères. La quantité de Lp(a) dans le système d’un individu est largement influencée par son bagage génétique et son héritage ethnique. Par exemple, les personnes d’ascendance africaine sont plus sensibles aux niveaux élevés de Lp(a) que les autres groupes ethniques.(6)

Avoir des niveaux élevés de Lp(a) peut augmenter considérablement le risque de maladies cardiovasculaires, notamment des affections telles quemaladie coronarienneetaccident vasculaire cérébral.(7,8,9)Cela souligne l’importance de surveiller et de gérer les niveaux de cholestérol pour la santé cardiaque globale.

Malheureusement, à l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement ou remède spécifique approuvé pour abaisser les niveaux élevés de Lp(a). Cela en fait une forme de cholestérol particulièrement difficile à gérer.

Cependant, des avancées récentes offrent un espoir pour gérer ce type de cholestérol. Des chercheurs du Victorian Heart Institute de l’Université Monash et du Victorian Heart Hospital en Australie ont mené un essai clinique révolutionnaire de phase 1, dans lequel ils ont développé un médicament oral expérimental spécialement conçu pour cibler et réduire les niveaux de Lp(a). Remarquablement, l’essai a démontré une réduction de plus de moitié des niveaux de Lp(a), marquant une avancée significative dans ce domaine.

Cette étude pionnière, publiée dans la prestigieuse revue JAMA, présente un développement prometteur dans la recherche des niveaux élevés de Lp(a), ouvrant potentiellement la porte à des traitements plus efficaces pour les personnes présentant cette variation génétique du cholestérol. Les résultats offrent de l’espoir à ceux qui pourraient courir un risque plus élevé en raison de niveaux élevés de Lp(a), nous rapprochant ainsi d’une approche plus globale de la gestion du cholestérol.(10) 

Muvalaplin : une avancée potentielle contre le cholestérol Lp(a) élevé

Dans l’essai clinique mentionné ci-dessus, les chercheurs ont étudié la muvalapline, un médicament expérimental conçu pour réduire les taux élevés de cholestérol Lp(a), un facteur de risque génétique connu pour les maladies cardiaques.

La prévalence de niveaux élevés de Lp(a) dans la population, avec jusqu’à 20 pour cent des individus potentiellement affectés. Malgré son association avec le risque de maladie cardiaque, il existe actuellement un manque de thérapies spécifiques ciblant le cholestérol Lp(a).

Les chercheurs ont découvert que la manière dont la muvalapline agit au niveau moléculaire interfère avec le processus de liaison entre une particule LDL et la protéine Apo(a). Cela bloque efficacement la formation de cholestérol Lp(a) dans le foie. Ce mécanisme offre donc une option de traitement oral prometteuse pour les personnes présentant des taux élevés de Lp(a). 

Essai clinique de phase 1 sur Muvalaplin : évaluation de l’innocuité et de l’efficacité

L’étude a impliqué 114 participants divers, évaluant l’innocuité, la pharmacocinétique et l’impact de la muvalapline sur les taux de cholestérol Lp(a). Les participants ont reçu soit une dose unique, une dose croissante ou un placebo sur 14 jours. Les résultats ont démontré une réduction substantielle des niveaux de Lp(a) jusqu’à 65 pour cent chez ceux qui ont reçu de la muvalapline.

L’étude a révélé que la muvalapline présentait un profil d’innocuité favorable. Les participants n’ont ressenti aucun problème de tolérance significatif ni aucun effet indésirable d’importance clinique. Les effets secondaires fréquemment rapportés comprenaientmal de tête,mal de dos,fatigue,diarrhée,douleur abdominale, etnausée.

Ainsi, même si le potentiel de la muvalapline est encourageant, l’équipe de recherche a souligné la nécessité de mener des essais cliniques plus approfondis avant de pouvoir en faire un médicament prescrit. On estime que la muvalapline pourrait ne pas être disponible pour un usage clinique avant au moins cinq ans. 

Est-il possible de réduire vos niveaux de LP(a) par vous-même ?

Abaisser les niveaux de Lp(a) peut être difficile car ils sont principalement déterminés par la génétique et ne répondent pas de manière significative aux changements de mode de vie comme l’alimentation et l’exercice. Pour cette raison, les changements de mode de vie qui contribuent généralement à réduire d’autres types de cholestérol LDL ne sont pas aussi efficaces.

Actuellement, le seul traitement approuvé par la FDA pour réduire la Lp(a) est l’aphérèse des lipoprotéines, qui élimine physiquement certaines lipoprotéines du sang. Cependant, ceci est réservé aux personnes présentant des niveaux de Lp(a) spécifiques et des facteurs de risque supplémentaires.(11,12)

Les scientifiques explorent également les inhibiteurs de PCSK9 comme solution potentielle pour réduire les niveaux de Lp(a). De plus, plusieurs médicaments font l’objet d’essais cliniques visant à réduire la Lp(a).(13,14,15)

Même si cela représente un défi, certaines stratégies peuvent néanmoins s’avérer utiles dans une certaine mesure : 

  1. Niacine (Vitane B3) :Il a été démontré que les suppléments de niacine diminuent légèrement les niveaux de Lp(a). Il est cependant important de consulter un professionnel de santé avant de commencer toute supplémentation.(16)
  2. Aspirine:Certaines études suggèrent que l’aspirine pourrait aider à réduire les niveaux de Lp(a). L’aspirine est souvent recommandée pour ses propriétés anticoagulantes, qui peuvent être bénéfiques pour la santé cardiaque globale.(17)
  3. Thérapie de remplacement des œstrogènes :Pourfemmes ménopausées, la thérapie de remplacement des œstrogènes a montré son potentiel pour réduire les taux de Lp(a). Cependant, cette option thérapeutique doit être soigneusement étudiée en raison de ses risques et bénéfices potentiels.(18)
  4. Recherche pharmacologique :Des études et des recherches sont en cours sur le développement de médicaments spécifiquement conçus pour réduire les niveaux de Lp(a). Muvalaplin, comme mentionné ci-dessus, est l’un de ces médicaments expérimentaux prometteurs.
  5. Surveillance régulière :Compte tenu de la nature génétique des niveaux de Lp(a), il est crucial que les personnes ayant un taux élevé de Lp(a) subissent des contrôles réguliers auprès de leur médecin. Cela permet une intervention et une gestion rapides de tout risque cardiovasculaire associé.
  6. Maintenez un mode de vie sain pour le cœur :Même si les changements de mode de vie n’ont pas d’impact direct sur les niveaux de Lp(a), ils restent importants pour la santé cardiovasculaire globale. Cela comprend le maintien d’unalimentation équilibrée, s’engageant régulièrementactivité physique,éviter de fumer, et gérer d’autres facteurs de risque commehypertension artérielleetdiabète.

Il est important de noter que tout changement ou intervention doit être discuté avec un professionnel de la santé, surtout lorsqu’il s’agit de médicaments ou de suppléments, car ils peuvent avoir des effets individualisés et des interactions potentielles avec d’autres traitements. 

Conseils pour réduire le taux de cholestérol élevé

Outre la composante génétique de la Lp(a), vous pouvez prendre plusieurs autres mesures pour contrôler votre taux de cholestérol. Voici quelques conseils pour vous aider à réduire votre taux de cholestérol élevé : 

Adoptez une alimentation saine pour le cœur : 

  • Incorporez plus de fruits, de légumes, de grains entiers et de légumineuses à vos repas.
  • Choisissez des protéines maigres comme la volaille, le poisson et les alternatives à base de plantes.
  • Limitez les gras saturés et trans présents dans les aliments frits et transformés, ainsi que dans les coupes de viande grasses.
  • Optez pour des graisses saines comme l’huile d’olive, les avocats et les noix.
  • Réduisez votre consommation de boissons sucrées et de collations riches en calories. 

Augmentez votre consommation d’acides gras oméga-3 :

  • Incluez des poissons gras comme le saumon, le maquereau et la truite dans votre alimentation.
  • Envisagez des suppléments d’oméga-3 si votre médecin vous le recommande. 

Faites de l’exercice régulièrement :

  • Participez à au moins 150 minutes d’activité aérobique d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité d’intensité vigoureuse par semaine.
  • Intégrez des exercices de musculation au moins deux jours par semaine. 

Maintenir un poids santé :

  • Atteindre et maintenir un poids santé pour améliorer le taux de cholestérol.

Arrêter de fumer :

  • Fumer peut réduire le (bon) cholestérol HDL et augmenter le risque de maladie cardiaque. 

Limiter la consommation d’alcool :

  • Une consommation modérée d’alcool peut avoir certains bienfaits pour le cœur, mais une consommation excessive peut entraîner un taux de cholestérol élevé et d’autres problèmes de santé. 

Gérez vos niveaux de stress :

  • Pratiquetechniques de relaxationcommeméditation,respiration profonde, ouyogapour aider à réduire les niveaux de stress.

Obtenez des contrôles réguliers :

  • Surveillez votre taux de cholestérol grâce à des analyses de sang de routine.
  • Suivez les recommandations de votre professionnel de la santé concernant la gestion du cholestérol. 

Pensez aux médicaments :

  • Si les changements de mode de vie ne suffisent pas, votre médecin peut vous recommander des médicaments hypocholestérolémiants. 

Augmentez votre apport en fibres :

  • Incluez des aliments plus riches en fibres solubles comme l’avoine, l’orge, les fruits et les légumes dans votre alimentation. 

Limitez les sucres ajoutés et les aliments transformés :

  • Évitez ou minimisez les aliments riches en sucres ajoutés et les aliments fortement transformés, car ils peuvent contribuer à un taux de cholestérol élevé. 

Restez hydraté :

  • Buvez beaucoup d’eau pour soutenir la santé globale et le métabolisme. 

N’oubliez pas de consulter votre médecin avant d’apporter des modifications importantes à votre régime alimentaire ou à votre routine d’exercice, surtout si vous avez des problèmes de santé existants ou si vous prenez des médicaments. Ils peuvent vous fournir des conseils personnalisés en fonction de vos besoins de santé spécifiques. 

Conclusion

Le récent essai révolutionnaire ouvrira certainement la voie à une nouvelle ère dans la lutte contre l’hypercholestérolémie génétique. Le développement du premier médicament oral capable de réduire efficacement les niveaux de Lp(a) jusqu’à 65 pour cent sur une période de 14 jours constitue un pas en avant significatif. Cette réalisation offre non seulement de l’espoir aux millions de personnes touchées par cette prédisposition génétique, mais souligne également le potentiel d’interventions pharmaceutiques innovantes.

Alors que nous attendons de nouvelles recherches et des essais à plus grande échelle, il est essentiel de reconnaître les efforts collaboratifs des chercheurs, des professionnels de la santé et de la communauté pharmaceutique dans cette réalisation historique. La perspective d’un traitement accessible, à base de pilules, pour le cholestérol Lp(a) élevé est prometteuse pour une approche plus pratique et plus répandue de la gestion du cholestérol.

Même si la voie vers une utilisation clinique généralisée se profile à l’horizon, cette percée souligne l’importance de la recherche et de l’innovation continues dans le domaine de la santé cardiovasculaire. Alors que nous regardons vers l’avenir, l’impact potentiel de ce médicament oral sur la réduction du risque de maladie cardiaque reste un sujet de grande attente et d’espoir.

Références :

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  2. Utermann, G., 1989. Les mystères de la lipoprotéine (a). Science, 246 (4932), pages 904-910.
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