Percer les secrets du risque de maladie cardiaque grâce à la santé bucco-dentaire : une étude révolutionnaire

Le risque demaladie cardiaqueest une préoccupation majeure en matière de santé publique, car elle reste l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Comprendre et évaluer ce risque est essentiel pour prévenir les problèmes cardiovasculaires et assurer le bien-être général. Divers facteurs, notamment la génétique, les choix de mode de vie et les problèmes de santé existants, contribuent à la susceptibilité d’un individu. Grâce à des évaluations complètes et à des outils médicaux avancés, les professionnels de la santé peuvent évaluer ce risque, permettant ainsi des interventions rapides et des stratégies personnalisées pour promouvoirsanté cardiaque.(1,2,3)

Aujourd’hui, dans une étude récemment publiée dans la revue Frontiers of Oral Health le 18 août, des scientifiques ont découvert qu’un simple rince-bouche qui évalue les niveaux de globules blancs pourrait potentiellement prédire le risque de maladie cardiaque.(4)La recherche suggère un lien entre l’inflammation des gencives, qui peut évoluer vers une parodontite, et un risque accru de maladie cardiaque. Dans cette étude, de jeunes adultes sans problèmes parodontaux diagnostiqués ont été examinés pour déterminer si des niveaux réduits d’inflammation buccale pourraient avoir des implications significatives sur le bien-être cardiovasculaire. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur la manière dont un simple bain de bouche peut constituer une méthode de prédiction des risques de maladie cardiaque.

Maladie des gencives et prévision du risque de maladie cardiaque

Dans cette étude pilote, les chercheurs ont procédé à un examen minutieux de 28 non-fumeurs âgés de 18 à 30 ans, s’assurant qu’ils n’avaient aucun problème de santé coexistant ou qu’ils prenaient des médicaments susceptibles d’avoir un impact sur leur risque cardiovasculaire. Ils ont utilisé une méthode simple mais efficace – un bain de bouche complet – pour évaluer les niveaux deglobules blancsprésent dans la salive de ces participants en bonne santé.(5)

Cette approche impliquait une période de jeûne préparatoire de six heures, suivie de rinçages séquentiels avec de l’eau et une solution saline. Les chercheurs ont collecté des échantillons de solution saline pour une analyse détaillée. Par la suite, les participants ont subi une série d’évaluations, notamment un électrocardiogramme, ainsi que des mesures de la pression artérielle, de la dilatation médiée par le flux et de la vitesse de l’onde de pouls, toutes effectuées après une période de repos.(6,7)

La découverte remarquable de l’étude était le lien étroit entre le nombre élevé de globules blancs dans la salive et une dilatation compromise par le flux, signe d’un risque accru de maladie cardiovasculaire. Curieusement, aucune corrélation de ce type n’a été observée avec la vitesse de l’onde de pouls, ce qui suggère qu’aucun effet potentiel à long terme sur les artères ne s’était encore manifesté.

Cependant, certains experts ont souligné que cela pourrait être attribué à l’état relativement jeune et généralement en bonne santé des participants. Ils ont également suggéré que les études futures devraient englober un éventail plus diversifié de participants en termes d’âge et d’état de santé afin de fournir une compréhension plus complète de ces associations. Cette étude approfondie met en évidence le potentiel des évaluations de la santé bucco-dentaire pour faire la lumière sur les risques cardiovasculaires, ouvrant ainsi la voie à des recherches plus approfondies dans ce domaine.

Impact de l’inflammation buccale

L’étude émet l’hypothèse que l’inflammation buccale pourrait potentiellement infiltrer le système vasculaire, influençant la capacité des artères à générer de l’oxyde nitrique – un composé essentiel pour réguler le flux sanguin. Cette altération de la production d’oxyde nitrique pourrait par la suite entraver la capacité des artères à s’adapter aux changements du flux sanguin, un phénomène connu sous le nom de dilatation médiée par le flux.

Parallèlement, les chercheurs ont étudié la vitesse de l’onde de pouls, une mesure permettant d’évaluer la rigidité artérielle et qui sert de prédicteur indépendant du risque cardiovasculaire.(8,9)Notamment, les modifications du mode de vie comprenant une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une gestion efficace de la tension artérielle et du taux de cholestérol se sont révélées prometteuses pour améliorer la vitesse des ondes de pouls.(10,11)

Bien que les premiers résultats soient encourageants, les experts soulignent la nécessité de disposer d’un bassin de participants plus large pour renforcer la validité de l’étude. Des recherches plus approfondies impliquant divers groupes, y compris des patients atteints d’une maladie parodontale traitée et active, peuvent être utiles. Une fois que davantage de données seront disponibles, il s’avérera important d’intégrer ce dépistage salivaire comme outil précieux pour évaluer le risque de maladie cardiovasculaire. Cette avancée potentielle souligne l’importance de la santé bucco-dentaire dans la compréhension et la résolution de problèmes cardiovasculaires plus larges.

En savoir plus sur la maladie parodontale

La maladie parodontale, communément appelée maladie des gencives, est une maladie inflammatoire chronique qui affecte les tissus entourant et soutenant les dents. Elle est causée par l’accumulation de plaque bactérienne sur les dents et les gencives. Si elle n’est pas correctement traitée, la maladie parodontale peut entraîner la destruction des gencives, des ligaments et des os qui soutiennent les dents, entraînant éventuellement la perte des dents.(12,13)

Il existe deux stades principaux de la maladie parodontale : 

  1. Gingivite:Il s’agit du stade initial de la maladie des gencives et implique une inflammation des gencives. Les symptômes peuvent inclure des gencives rouges, enflées et saignantes, en particulier lors du brossage ou de l’utilisation de la soie dentaire.Gingiviteest réversible avec des soins dentaires appropriés, y compris des nettoyages réguliers et de bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire.(14)
  2. Parodontite :Si elle n’est pas traitée, la gingivite peut évoluer en parodontite. Cette étape est plus sévère et implique la destruction des os et des tissus qui soutiennent les dents. Cela peut entraîner un déchaussement des dents, une récession des gencives et d’autres complications.

Certains facteurs de risque peuvent contribuer au développement et à la progression de la maladie parodontale, notamment un mauvaishygiène buccale,fumeur, la génétique, les changements hormonaux (comme ceux pendant la grossesse), certains médicaments et les problèmes de santé systémiques commediabète.(15,16)

De nombreuses études ont indiqué qu’il existe un lien potentiel entre la parodontite et les maladies systémiques, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète et les naissances prématurées de faible poids.(17,18)

À un stade avancé, comme l’ont noté les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les gencives se retirent des dents, entraînant potentiellement une perte osseuse et même une mobilité ou une perte dentaire.(19)La maladie parodontale présente une prévalence plus élevée chez les hommes, les individus en dessous du seuil de pauvreté, les fumeurs actuels et ceux ayant un niveau d’éducation inférieur au lycée. Étonnamment, plus de 47 % des adultes âgés de 30 ans et plus présentent des manifestations de cette maladie.(20)

Des examens dentaires réguliers, des nettoyages professionnels et de bonnes habitudes d’hygiène bucco-dentaire à la maison sont cruciaux pour prévenir et gérer les maladies parodontales. La détection et le traitement précoces sont essentiels pour préserver la santé bucco-dentaire et prévenir d’autres dommages aux dents et aux gencives.

Importance de la détection précoce de la maladie parodontale

La détection précoce de la maladie parodontale est cruciale pour une intervention rapide et une prise en charge efficace. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et les National Institutes of Health (NIH), voici quelques signes avant-coureurs clés à prendre en compte :(21)

  • Mauvaise haleine persistante ou goût désagréable :Chroniquemauvaise haleineou un goût désagréable persistant dans la bouche peut être le signe de problèmes parodontaux sous-jacents.
  • Gencives rouges ou enflées :L’inflammation et la rougeur des gencives peuvent signaler la présence d’une maladie des gencives.
  • Gencives sensibles ou qui saignent :Les gencives sensibles au toucher ou qui saignent lors du brossage ou de l’utilisation de la soie dentaire pourraient être des signes précoces d’une maladie parodontale.
  • Mastication douloureuse :L’inconfort ou la douleur lors de la mastication peuvent être le résultat d’un affaiblissement des gencives et de la structure osseuse.
  • Dents qui bougent :Une parodontite avancée peut entraîner le desserrage ou le déplacement des dents.
  • Sensibilité dentaire :Une sensibilité accrue aux températures chaudes ou froides peut indiquer une récession gingivale, un aspect courant des maladies des gencives.
  • Les gencives s’éloignent des dents :À mesure que la maladie progresse, les gencives peuvent reculer, exposant ainsi une plus grande partie de la surface de la dent.
  • Modifications de l’occlusion dentaire :Toute modification dans la façon dont vos dents s’emboîtent lorsque vous mordez peut signaler des problèmes potentiels de gencives.
  • Ajustements aux prothèses partielles :Si vous portez une prothèse partielle, remarquer un changement dans son ajustement peut indiquer des problèmes de gencives.

Le NIH recommande plusieurs mesures préventives pour réduire le risque de développer une maladie parodontale :(22) 

  • Brossage régulier :Brossez-vous les dents au moins deux fois par jour avec un dentifrice fluoré pour éliminer la plaque dentaire et maintenir l’hygiène bucco-dentaire.
  • Fil dentaire :L’utilisation régulière de la soie dentaire aide à éliminer la plaque dentaire entre les dents, là où une brosse à dents ne peut pas atteindre.
  • Examens dentaires réguliers :Consultez votre dentiste au moins une fois par an, et plus fréquemment si vous ressentez des signes avant-coureurs d’une maladie des gencives.
  • Arrêter de fumer :Le tabagisme est un facteur de risque important de maladie parodontale. Arrêter de fumer peut donc grandement bénéficier à la santé bucco-dentaire.

Le maintien d’une bonne hygiène bucco-dentaire réduit non seulement le risque de maladie parodontale, mais contribue également à la santé globale, réduisant potentiellement le risque de problèmes cardiovasculaires. Dans certains cas, un nettoyage en profondeur ou des interventions chirurgicales peuvent être recommandés pour restaurer la santé dentaire. Des contrôles réguliers avec votre dentiste ou parodontiste sont cruciaux pour surveiller et gérer la progression de cette maladie.

Conclusion

Le lien émergent entre la santé bucco-dentaire et la prévision du risque cardiovasculaire présente une voie surprenante et potentiellement révolutionnaire pour la détection précoce et la prévention des maladies cardiaques. L’approche innovante de l’étude pilote, utilisant un simple rince-bouche pour évaluer les niveaux de globules blancs, fait allusion à l’interaction complexe entre la santé bucco-dentaire et systémique. Bien que des recherches plus approfondies auprès de groupes de participants plus nombreux et plus diversifiés soient nécessaires pour valider ces résultats, les implications sont profondes. Cette nouvelle méthode de dépistage souligne non seulement l’importance de l’hygiène bucco-dentaire, mais offre également un outil prometteur pour identifier les personnes à risque de maladie cardiovasculaire. À mesure que la science continue de démêler ces liens, elle pourrait potentiellement révolutionner notre approche de la santé cardiaque, en mettant l’accent sur le rôle essentiel des soins bucco-dentaires dans notre bien-être général.

Références :

  1. Heller, R.F., Chinn, S., Pedoe, H.D. et Rose, G., 1984. Dans quelle mesure pouvons-nous prédire les maladies coronariennes ? Résultats du projet de prévention des maladies cardiaques du Royaume-Uni. Br Med J (Clin Res Ed), 288 (6428), pp.1409-1411.
  2. Bhupathiraju, S.N. et Tucker, K.L., 2011. Prévention des maladies coronariennes : nutriments, aliments et habitudes alimentaires. Clinica chimica acta, 412(17-18), pages 1493-1514.
  3. Juneau, M., Hayami, D., Gayda, M., Lacroix, S. et Nigam, A., 2014. Enjeux provocateurs en prévention des maladies cardiaques. Revue canadienne de cardiologie, 30(12), pp.S401-S409.
  4. Hong, K., Ghafari, A., Mei, Y., Williams, J., Attia, D., Forsyth, J., Wang, K., Wyeld, T., Sun, C., Glogauer, M. et King, T.J., 2023. La charge inflammatoire buccale prédit la fonction vasculaire dans une population de jeunes adultes : une étude pilote. Frontières de la santé bucco-dentaire, 4, p.1233881.
  5. Gross, R.E. (2015) Comment les crachats guérissent les blessures, Slate Magazine. Disponible à :https://slate.com/technology/2015/11/spit-heals-wounds-white-blood-cells-in-saliva-mucus.html(Consulté le 8 septembre 2023).
  6. (Sans date a) Électrocardiogramme – statpearls – bibliothèque NCBI – centre national de… Disponible sur :https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK549803/(Consulté le 8 septembre 2023).
  7. (Pas de date a) Academic.oup.com. Disponible à :https://academic.oup.com/eurheartj/article/40/30/2534/5519997(Consulté le 8 septembre 2023).
  8. Sola, J., Rimoldi, S.F. et Allemann, Y., 2010. Surveillance ambulatoire du système cardiovasculaire : le rôle de la vitesse de l’onde de pouls. Nouveaux développements en génie biomédical, pp.391-424.
  9. Pereira, T., Correia, C. et Cardoso, J., 2015. Nouvelles méthodes de mesure de la vitesse des ondes de pouls. Journal d’ingénierie médicale et biologique, 35(5), pp.555-565.
  10. Petersen, K.S., Blanch, N., Keogh, J.B. et Clifton, P.M., 2015. Effet de la perte de poids sur la vitesse de l’onde de pouls : revue systématique et méta-analyse. Artériosclérose, thrombose et biologie vasculaire, 35(1), pp.243-252.
  11. Petersen, K., Blanch, N., Keogh, J. et Clifton, P., 2015. Perte de poids, apport alimentaire et vitesse de l’onde de pouls. Pulse, 3(2), pages 134-140.
  12. Williams, R.C., 1990. Maladie parodontale. Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre, 322(6), pages 373-382.
  13. Niemiec, B.A., 2008. Maladie parodontale. Sujets en médecine des animaux de compagnie, 23(2), pp.72-80.
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  16. AlJehani, Y.A., 2014. Facteurs de risque de maladie parodontale : revue de la littérature. Revue internationale de dentisterie, 2014.
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  22. Maladie parodontale (gencive) (sans date) Institut national de recherche dentaire et craniofaciale. Disponible à :https://www.nidcr.nih.gov/health-info/gum-disease(Consulté le 8 septembre 2023).