L’interaction entre le microbiote intestinal et la trachéobronchite
Lecorps humainest un écosystème complexe. Dans ce cadre biologique, des interactions complexes se produisent et influencent considérablement notre santé. L’un des liens les plus fascinants issus de la recherche scientifique concerne notre microbiote intestinal et la santé respiratoire, en particulier son rôle dans des affections telles que la trachéobronchite. Examinons comment ces deux entités apparemment sans rapport pourraient interagir.(4)
Microbiote intestinal : un bref aperçu
L’intestin abrite des milliards d’organismes microbiens, notamment des bactéries, des virus, des champignons et des protozoaires. Cette communauté, appelée « microbiote intestinal », joue un rôle central dans diverses fonctions corporelles, depuis l’aide à la digestion jusqu’à la modulation du système immunitaire.(1)
Trachéobronchite : le défi respiratoire
La trachéobronchite fait référence à l’inflammation de la trachée et des bronches principales. Cette affection, qui peut être aiguë ou chronique, se présente généralement partoux,respiration sifflante, etessoufflement. Alors que les virus ou les bactéries provoquent souvent des trachéobronchites aiguës, des formes chroniques peuvent survenir en raison d’une exposition prolongée à des irritants commefumée de tabac.(2)
Système immunitaire : le pont de connexion
Le microbiote intestinal a un effet profond sur le système immunitaire. Un microbiote sain favorise une réponse immunitaire bien régulée, essentielle pour lutter contre les agents pathogènes et réduire les inflammations inutiles. Les changements ou déséquilibres du microbiote intestinal, appelés dysbiose, peuvent conduire à une réponse immunitaire hyperactive ou malavisée. Comme les poumons et l’intestin partagent un système immunitaire muqueux commun, les perturbations de l’un peuvent influencer l’autre.
Axe intestin-poumon : une voie à double sens
Le concept d’axe intestin-poumon suggère que les modifications du microbiote intestinal peuvent influencer la santé pulmonaire, et vice versa.(3,4) Voici comment procéder :
- Métabolites microbiens: Les acides gras à chaîne courte (AGCC), principalement produits par les bactéries intestinales lors de la fermentation des fibres, jouent un rôle dans la réduction de l’inflammation. La production réduite d’AGCC due à la dysbiose pourrait exacerber les affections inflammatoires telles que la trachéobronchite.
- Colonisation pathogène: Un intestin déséquilibré peut devenir un réservoir d’agents pathogènes respiratoires, qui peuvent remonter jusqu’aux poumons, provoquant ou exacerbant des infections.
- Débordement de l’inflammation: Une inflammation persistante dans l’intestin peut entraîner une inflammation systémique, ce qui pourrait exacerber les affections pulmonaires.
Les probiotiques : un allié potentiel
Reconnaissant le lien intestin-poumon, les chercheurs étudient les avantages potentiels des probiotiques (bactéries vivantes bénéfiques) dans les affections respiratoires. Bien que le mécanisme précis reste à l’étude, les résultats préliminaires suggèrent que l’introduction de bactéries saines pourrait rétablir l’équilibre intestinal, modulant ainsi la réponse immunitaire et potentiellement atténuant les symptômes de la trachéobronchite.
Implications pour le traitement et la prévention
Comprendre l’interaction entre le microbiote intestinal et la trachéobronchite pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques. Une approche à deux volets axée sur les traitements respiratoires directs tout en favorisant la santé intestinale pourrait potentiellement offrir un soulagement plus complet aux patients.(5)
Conclusion
La relation entre nos intestins et nos poumons témoigne de la nature interconnectée du corps. Alors que la recherche continue à découvrir les nuances de l’axe intestin-poumon, nous nous rapprochons d’approches plus holistiques dans la gestion et la prévention des affections respiratoires comme la trachéobronchite. C’est un rappel frappant que la santé, dans toute sa complexité, nécessite une perspective multidimensionnelle.
Références :
- Sender, R., Fuchs, S. et Milo, R. (2016). Estimations révisées du nombre de cellules humaines et bactériennes dans le corps. PLOS Biologie, 14(8), e1002533.Lien
- Clinique Mayo. (2019). Bronchite.Lien
- Budden, KF, Gellatly, SL, Wood, DL, Cooper, MA, Morrison, M., Hugenholtz, P. et Hansbro, PM (2017). Liens pathogéniques émergents entre le microbiote et l’axe intestin-poumon.Nature Reviews Microbiologie, 15(1), 55-63.
- Enaud, R., Prevel, R., Ciarlo, E., Beaufils, F., Wieërs, G., Guery, B. et Delhaes, L. (2020). L’axe intestin-poumon dans la santé et les maladies respiratoires : un lieu de dialogues inter-organes et inter-royaumes.Frontières de la microbiologie cellulaire et infectieuse, 10, 9.
- Marsland, BJ, Trompette, A. et Gollwitzer, ES (2015). L’axe intestin-poumon dans les maladies respiratoires.Annales de l’American Thoracic Society, 12 (Supplément 2), S150-S156.
Lire aussi :
- Croup ou laryngotrachéobronchite : tout ce que vous devez savoir
