En 2019, environ 21 % des décès aux États-Unis étaient attribués au cancer. Notamment, 13 types de cancer ont été directement associés àobésité, englobant certaines des formes les plus répandues telles que les formes colorectales etcancer du sein.(1,2)
Actuellement, 42,5 % des adultes aux États-Unis sont classés comme obèses, et 31,1 % supplémentaires entrent dans la catégorie du surpoids. Il est alarmant de constater que l’obésité grave augmente le risque de mortalité liée au cancer de 62 % chez les femmes et de 52 % chez les hommes.(3,4)
Bien que la recherche établisse systématiquement une corrélation entre un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et un risque élevé de cancer, la question de savoir si la réduction de l’IMC se traduit directement par une diminution du risque de cancer reste quelque peu ambiguë.
Des études récentes se sont penchées sur le domaine dechirurgie bariatrique, englobant diverses interventions chirurgicales destinées à modifier le système digestif, favorisant ainsiperte de poids.(5)
Cette approche a démontré un succès notable dans l’obtention d’une réduction de poids cliniquement significative et semble influencer les mécanismes biologiques critiques liés au cancer. Cette modulation pourrait à terme conduire à une diminution de l’incidence du cancer et à une amélioration des taux de mortalité pour des types spécifiques de cancer.(6,7)
Approfondir les effets de la chirurgie bariatrique sur les taux et les résultats du cancer pourrait potentiellement révolutionner notre approche de la prévention du cancer. Récemment, une équipe de chercheurs a mené une analyse complète des données de santé à long terme provenant de patients ayant subi une chirurgie bariatrique. Leurs résultats indiquent sans équivoque une diminution significative de l’incidence du cancer et de la mortalité liée au cancer au sein de cette cohorte.(8)
Cette étude révolutionnaire a été publiée dans la prestigieuse revue Obesity. Les implications de cette recherche sont profondes et pourraient ouvrir la voie à des stratégies innovantes et ciblées en matière de prévention du cancer, en particulier pour les personnes aux prises avec l’obésité.
La chirurgie bariatrique donne des résultats prometteurs dans la réduction de la mortalité et du risque de cancer
L’étude a analysé les données de santé d’une cohorte importante de 21 837 patients ayant subi une chirurgie bariatrique entre 1982 et 2018. Ces personnes ont été méticuleusement comparées à un groupe témoin de 21 837 homologues n’ayant pas subi une telle chirurgie. L’appariement a été effectué sur la base de facteurs cruciaux, notamment l’âge, le sexe et l’indice de masse corporelle (IMC).
Les procédures de chirurgie bariatrique comprenaient une gamme d’interventions adaptées pour faciliter la perte de poids :
- Bypass gastrique :Cette procédure consiste à réduire la taille de l’estomac et à rediriger les aliments vers le segment moyen de l’intestin grêle. Cette procédure favorise une perte de poids significative par restriction et malabsorption.(9)
- Anneau gastrique :L’anneau gastrique, également connu sous le nom d’anneau gastrique réglable ou d’anneau laparoscopique, est une procédure qui consiste à placer une bande de silicone autour de la partie supérieure de l’estomac. Cette bande crée effectivement deux compartiments dans l’estomac : une poche supérieure plus petite et une partie inférieure plus grande. La bande est réglable et peut être serrée ou desserrée selon les besoins. Il restreint la prise alimentaire, provoquant une sensation de satiété avec des repas plus petits.(10)
- Gastrectomie à manches :La gastrectomie en manchon, souvent appelée simplement « la manche », est une intervention chirurgicale qui implique l’ablation d’une partie importante de l’estomac. Au cours de cette intervention chirurgicale, une grande partie de l’estomac est séparée et excisée du corps, laissant derrière elle une structure mince en forme de tube ressemblant à une banane, d’où son surnom de « manchon gastrique ». En réduisant la taille de l’estomac, la procédure réduit considérablement sa capacité à retenir la nourriture.(11)
- Commutateur duodénal :La chirurgie de commutation duodénale représente une approche plus complexe et hybride parmi les procédures bariatriques. Il combine des éléments de la gastrectomie en manchon et du pontage gastrique. Dans cette procédure, une partie importante de l’estomac est retirée, laissant derrière elle un mince manchon gastrique. De plus, le chirurgien redirige une partie de l’intestin grêle pour permettre aux aliments de contourner un segment du tube digestif. La combinaison d’une restriction gastrique et d’une altération des mécanismes d’absorption des nutriments entraîne une perte de poids efficace.(12)
Les patients ont été méticuleusement suivis sur une période allant de 2,8 à 13,5 ans. Fait remarquable, près de 79 % des participants étaient des femmes. Au début de l’étude, les deux groupes présentaient un IMC moyen d’environ 46. Notamment, un IMC de 30 ou plus est classé dans la catégorie de l’obésité.
Principales conclusions de l’étude
L’étude a donné des résultats cruciaux. Il a révélé que les personnes ayant subi une chirurgie bariatrique présentaient une probabilité 25 % inférieure de développer une forme de cancer par rapport à leurs homologues du groupe non chirurgical. De plus, ils ont démontré une probabilité réduite de 43 % de succomber au cancer par rapport à ceux qui n’avaient pas opté pour la chirurgie.
Informations spécifiques au genre
En disséquant les données en fonction du sexe, des disparités intrigantes sont apparues. Les femmes ayant subi une intervention chirurgicale présentaient une probabilité remarquablement inférieure de 41 % de développer des cancers liés à l’obésité, qui englobaient le sein, les ovaires, l’utérus et l’obésité.cancer du côlon. De plus, elles ont affiché une diminution remarquable de 47 pour cent de la mortalité globale liée au cancer par rapport aux femmes n’ayant pas subi de chirurgie. Cela comprenait une réduction substantielle de 55 pour cent de la mortalité pour les cancers liés à l’obésité et une réduction notable de 38 pour cent pour les cancers non liés à l’obésité.
Au contraire, l’étude n’a pas établi de corrélation significative entre la chirurgie bariatrique et la réduction de la mortalité globale par cancer ou de la mortalité par cancer liée à l’obésité chez les patients de sexe masculin. Cependant, il a été associé à une mortalité par cancer notablement inférieure de 51 pour cent pour les cancers non liés à l’obésité.
Aperçus comparatifs de l’étude
Les chercheurs ont également souligné que les taux de mortalité par cancer étaient nettement inférieurs après un pontage gastrique par rapport à l’anneau gastrique ou à la gastrectomie en manchon. Il convient de noter qu’en raison de la taille réduite de l’échantillon, il n’était pas possible de réaliser une analyse comparable pour la chirurgie de commutation duodénale.
Ces résultats corroborent des recherches antérieures et soulignent le rôle central de la chirurgie bariatrique, en particulier dans la réduction du risque et de la mortalité par cancer, en particulier chez les femmes et dans le contexte de types spécifiques de cancer.(13)
Comment exactement la chirurgie bariatrique atténue-t-elle le risque de cancer ?
La chirurgie bariatrique réduit le risque de cancer grâce à plusieurs mécanismes, notamment :
- Perte de poids et réduction du tissu adipeux :La chirurgie bariatrique entraîne une perte de poids importante, en particulier chez les personnes obèses. Cette réduction de poids est vitale, car l’excès de poids corporel, en particulier le tissu adipeux viscéral (la graisse autour des organes internes), est lié à des niveaux plus élevés d’inflammation. L’inflammation chronique est un facteur clé dans le développement du cancer. En perdant l’excès de poids, la réponse inflammatoire du corps est atténuée, réduisant ainsi l’environnement propice au développement des cellules cancéreuses.(14)
- Niveaux d’hormones équilibrés :La chirurgie bariatrique peut entraîner des changements significatifs dans les niveaux d’hormones liées au métabolisme, à la satiété et à la régulation de l’appétit. Par exemple, des procédures telles que le pontage gastrique modifient la libération d’hormones intestinales telles que la ghréline et le peptide YY. Ces changements hormonaux peuvent contribuer à un profil métabolique plus équilibré, réduisant potentiellement le risque de cancer.(15)
- Amélioration de la sensibilité à l’insuline et du contrôle de la glycémie :De nombreuses personnes obèses présentent une résistance à l’insuline, ce qui entraîne des taux élevés d’insuline dans le sang. L’insuline, en excès, peut stimuler la croissance cellulaire, y compris les cellules cancéreuses. La chirurgie bariatrique entraîne souvent une amélioration de la sensibilité à l’insuline, ce qui signifie que les cellules répondent plus efficacement aux signaux d’insuline. Cela conduit à un meilleur contrôle de la glycémie et à une réduction du risque d’affections associées à des taux d’insuline élevés, telles quediabète de type 2.(16)
- Changements positifs dans le microbiote intestinal :Le microbiote intestinal, une communauté complexe de micro-organismes résidant dans le tube digestif, joue un rôle crucial dans le métabolisme et l’inflammation. Il a été démontré que la chirurgie bariatrique induit des changements dans la composition et la diversité des bactéries intestinales. Ces altérations peuvent conduire à un environnement intestinal plus favorable, avec une inflammation réduite et un risque de cancer potentiellement plus faible.
- Résolution des conditions liées à l’obésité :La chirurgie bariatrique entraîne souvent l’amélioration, voire la résolution, des comorbidités associées à l’obésité, telles que l’hypertension, la dyslipidémie et l’apnée obstructive du sommeil. Ces conditions ne sont pas seulement liées à l’obésité, mais aussi, de manière indépendante, à un risque accru de certains cancers. En gérant efficacement ces problèmes de santé, la chirurgie contribue indirectement à réduire le risque de cancer.
- Effets spécifiques à la chirurgie :Différents types de procédures bariatriques peuvent avoir des effets uniques sur le risque de cancer. Par exemple, le pontage gastrique est associé à des modifications des niveaux d’hormones comme l’insuline et la leptine, qui peuvent avoir un impact sur le risque de cancer. De plus, des procédures telles que la gastrectomie en manchon peuvent modifier la production de certaines hormones gastro-intestinales qui jouent un rôle dans le métabolisme et la satiété.
Comme on peut le constater, la chirurgie bariatrique offre une approche multiforme pour réduire le risque de cancer. Grâce à la perte de poids, aux ajustements hormonaux, à l’amélioration de la santé métabolique et aux altérations du microbiote intestinal, ces procédures créent un environnement moins favorable au développement du cancer. Cependant, il est crucial de souligner que si la chirurgie bariatrique constitue un outil puissant de prévention du cancer, elle doit être complétée par d’autres choix de vie sains et un suivi médical régulier pour des résultats optimaux.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que cette étude souligne le potentiel de la perte de poids en tant qu’outil précieux dans le traitement du cancer. La chirurgie bariatrique réduit non seulement l’incidence du cancer, mais également les taux de mortalité associés, soulignant ainsi son importance pour les professionnels de santé traitant le cancer.
Il est recommandé que des recherches plus approfondies explorent les avantages similaires chez les patients utilisant des médicaments plus récents. Les experts soulignent déjà que les résultats de l’étude pourraient encourager les personnes éligibles à la chirurgie à considérer ses avantages plus larges en matière de réduction du risque de cancer.
Cependant, la prudence est de mise, en particulier pour les femmes qui envisagent des traitements affectant les hormones comme la chirurgie bariatrique, qui comporte des risques intermédiaires à élevés. L’accent principal doit être mis sur la prévention du cancer grâce à un mode de vie sain comprenant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, guidé par des prestataires médicaux et des conseillers en nutrition.
Références :
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