Les premiers prédicteurs de l’eczéma chez les nourrissons dévoilés
En 2022, on estimait que 223 millions de personnes dans le monde étaient aux prises avec cette maladie cutanée complexe connue sous le nom dedermatite atopique, ou l’eczéma. Parmi eux, 43 millions étaient de jeunes enfants âgés de 1 à 4 ans, ce qui en fait un problème particulièrement répandu dans la petite enfance.(1)
Il est alarmant de constater qu’environ 60 % des personnes atteintes de dermatite atopique en souffrent au cours de leur première année de vie.(2)Cette statistique souligne la nécessité cruciale d’une détection et d’une intervention précoces pour soulager les souffrances et améliorer les résultats à long terme.
Dans un développement révolutionnaire, des chercheurs de la prestigieuse institution National Jewish Health ont fait une découverte remarquable. Ils ont identifié des biomarqueurs spécifiques présents sur la peau qui ont le potentiel de prédire si un bébé risque de développer de l’eczéma, même des mois avant l’apparition réelle des symptômes. Cette révélation marque un pas en avant significatif dans notre compréhension de la maladie, révolutionnant potentiellement la façon dont nous abordons son diagnostic et son traitement.(3)
Cette avancée est immense et prometteuse pour l’avenir de la gestion de l’eczéma. En identifiant ces biomarqueurs prédictifs, les scientifiques ouvrent la voie au développement de thérapies précisément ciblées. Cette approche personnalisée a le potentiel d’améliorer considérablement l’efficacité du traitement, offrant ainsi de l’espoir à des millions de personnes aux prises avec cette maladie chronique et souvent débilitante.
Les résultats de cette étude pivot ont été récemment publiés dans le prestigieux Journal of Allergy and Clinical Immunology, ce qui représente une étape majeure dans le domaine de la dermatologie et de la médecine pédiatrique.(4)À mesure que les recherches et les applications cliniques se poursuivent, nous pouvons anticiper un avenir meilleur pour les personnes touchées par la dermatite atopique.
Mais avant d’aller plus loin, regardons ce qu’est exactement la dermatite atopique.
Un résumé sur la compréhension de la dermatite atopique : causes, symptômes et options de traitement
La dermatite atopique, communément appelée eczéma, est une affection cutanée inflammatoire chronique caractérisée par une série de symptômes inconfortables. Elle touche des millions de personnes dans le monde et peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie.
Plusieurs facteurs contribuent au développement et à l’exacerbation de l’eczéma. La génétique est un facteur d’influence important, les antécédents familiaux de dermatite atopique ou d’allergies majeures jouant un rôle central.(5)De plus, une hyperactivitésystème immunitaireest souvent impliquée dans son apparition. Les irritants environnementaux, tels que la pollution de l’air, la fumée, les nettoyants agressifs et certains tissus, peuvent aggraver davantage la situation.(6,7,8,9)
L’eczéma se manifeste par divers symptômes généraux, communément appelés poussées. Ceux-ci incluent une peau sèche et squameuse, des rougeurs, des démangeaisons persistantes, la présence d’une éruption cutanée, des bosses surélevées et un gonflement potentiel. Chez les nourrissons, cela commence généralement par une peau sèche et des démangeaisons sur le cuir chevelu et les joues.
À mesure qu’un enfant grandit, l’eczéma peut se manifester dans diverses zones du corps, notamment dans les régions externes ou pliées des genoux et des coudes, autour de la bouche, sur les mains et les pieds, les poignets et les chevilles, et même dans les zones externes des oreilles.
Les déclencheurs des poussées d’eczéma sont divers et peuvent varier d’une personne à l’autre. Ceux-ci peuvent inclure des facteurs tels que des niveaux de stress accrus, des conditions météorologiques sèches, une exposition à des allergènes comme la poussière et le pollen, des tissus, des savons ou des détergents irritants, des polluants, des allergies alimentaires et même certains produits cosmétiques ou de soin de la peau.(10,11,12)
Malheureusement, il n’existe actuellement aucun remède définitif contre la dermatite atopique. Cependant, les professionnels de la santé emploient diverses stratégies de traitement pour gérer ses symptômes. Celles-ci impliquent souvent l’utilisation de médicaments, notamment des corticostéroïdes topiques et des antihistaminiques, pour soulager l’inconfort et réduire l’inflammation. Dans certains cas, la photothérapie peut également être recommandée comme option de traitement efficace.(13,14)
Grâce aux recherches et aux progrès en cours en dermatologie, il y a de l’espoir de disposer de traitements plus ciblés et plus efficaces à l’avenir. En attendant, la détection précoce, l’évitement des déclencheurs et une prise en charge médicale cohérente restent cruciaux pour les personnes vivant avec l’eczéma.
Progrès novateur dans une nouvelle étude : Prédire le développement de l’eczéma chez les nourrissons pour des soins ciblés
L’équipe de recherche a souligné le besoin crucial d’une méthode fiable pour prédire la probabilité qu’un nourrisson développe une dermatite atopique, soulignant que tous les nourrissons ne sont pas touchés, avec seulement environ 20 pour cent d’entre eux qui souffrent de cette maladie. Par conséquent, il devient primordial d’identifier ce sous-ensemble spécifique de nourrissons prédisposés à la dermatite atopique, permettant ainsi une approche ciblée du traitement.
Les chercheurs ont exprimé une aspiration fondamentale dans le domaine, à savoir la prévention possible de la dermatite atopique. Ainsi, même si les traitements peuvent apporter un soulagement, la maladie a tendance à récidiver, ce qui fait de la prévention l’une des priorités. En comprenant les biomarqueurs prédictifs identifiés dans l’étude, les chercheurs sont sur le point de se pencher sur des stratégies visant à prévenir l’apparition de la dermatite atopique, une approche potentiellement transformatrice des soins dermatologiques.
Dans le cadre d’un effort collaboratif, l’équipe de recherche de National Jewish Health s’est associée à des scientifiques de Corée du Sud pour se lancer dans une étude pionnière centrée sur la prédiction du développement de la dermatite atopique chez les nourrissons.
Pour recueillir des données cruciales, les médecins de l’étude ont utilisé une méthode non invasive de bande cutanée pour prélever des échantillons de cellules cutanées sur des nourrissons à l’âge de deux mois, un stade où aucune indication clinique d’eczéma n’était présente. Notamment, cet échantillon diversifié comprenait des nourrissons avec ou sans antécédents familiaux de dermatite atopique.
Au cours d’une période de deux ans, ces nourrissons ont été méticuleusement observés et surveillés, permettant ainsi la collecte d’échantillons de cellules cutanées supplémentaires à des intervalles spécifiques. Cette approche globale a facilité un examen approfondi de l’évolution de la dermatite atopique chez ces jeunes sujets.
À la fin de l’étude, l’équipe de recherche a fait état d’un résultat important. Parmi les 74 nourrissons identifiés comme étant à risque, 22 ont finalement développé une dermatite atopique. Après une analyse minutieuse de leurs cellules cutanées, les scientifiques ont identifié deux biomarqueurs cutanés spécifiques : la lymphopoïétine stromale thymique (TSLP) et l’interleukine-13 (IL-13).(15,16)Ces biomarqueurs ont montré une augmentation remarquable de 75 pour cent chez les nourrissons qui ont ensuite développé une dermatite atopique.
L’équipe a souligné l’importance de ces découvertes, soulignant que l’IL-13 et la TSLP sont des molécules connues pour favoriser les réponses allergiques. La présence anormale de ces biomarqueurs dans la peau des patients atteints de dermatite atopique constitue un facteur prédictif crucial, signifiant une prédisposition à la maladie. De plus, les traitements conçus pour contrecarrer l’activité de l’IL-13 et du TSLP pourraient donc être extrêmement prometteurs dans la prévention de l’apparition de la dermatite atopique, révolutionnant potentiellement sa prise en charge et offrant de l’espoir à d’innombrables personnes touchées par cette maladie cutanée difficile.
Potentiel de prévention de la dermatite atopique
Ces découvertes révolutionnaires suggèrent que les irrégularités cutanées se manifestent avant l’apparition visible d’une éruption cutanée. Cette information cruciale peut ouvrir la porte à de nombreuses autres mesures proactives avant l’apparition des symptômes cliniques réels, offrant potentiellement une avancée significative dans la prévention de la dermatite atopique.
Afin d’introduire un traitement préventif efficace, les professionnels de la santé doivent identifier les anomalies cutanées avant que les patients ne présentent des signes visibles d’éruption cutanée. Avec la découverte des biomarqueurs IL-13 et TSLP, une nouvelle voie apparaît pour prévenir l’eczéma grâce à l’application de thérapies ciblées, telles que des émollients ou d’autres produits biologiques.(17,18)La genèse de la maladie semble être enracinée dans une barrière cutanée compromise qui permet aux allergènes de pénétrer. Une barrière cutanée déficiente rend le patient vulnérable aux risques environnementaux, favorisant l’apparition d’une dermatite atopique.
Pour l’avenir, l’équipe de recherche se penche désormais sur la phase suivante de ses recherches, stimulée par l’observation selon laquelle la voie allergique est déjà activée dès l’âge de deux mois. Cela incite à enquêter sur ce qui a exactement déclenché cette voie avant cet âge. Ils visent à retracer cette voie jusqu’à ses origines, en cherchant à comprendre quand et comment la réponse allergique s’est initialement déclenchée. L’équipe étudie même la possibilité que cette activation se produise in utero, une révélation potentielle qui pourrait remodeler leur approche de la prévention des maladies allergiques.
Il ne fait aucun doute que l’étude met en lumière le potentiel des biomarqueurs immunitaires et barrières précoces, identifiés grâce à la technique innovante de stripping, pour prédire quels enfants sont prédisposés à développer une dermatite atopique à l’avenir. Cela introduit un concept révolutionnaire : celui du potentiel de prévention précoce de la dermatite atopique chez les enfants sensibles. Les résultats de l’étude représentent un pas en avant significatif dans notre compréhension et notre gestion de cette affection cutanée difficile.
Conclusion
L’équipe de recherche du National Jewish Health et une équipe internationale de chercheurs ont réalisé une avancée majeure dans la lutte contre l’eczéma. Leur découverte de biomarqueurs cutanés spécifiques, l’IL-13 et le TSLP, offre un moyen potentiel de prédire l’eczéma chez les nourrissons avant l’apparition de symptômes visibles. Cela ouvre la porte à des mesures préventives ciblées et à un changement potentiellement révolutionnaire dans les stratégies de traitement de l’eczéma.
En identifiant les irrégularités cutanées avant l’apparition des symptômes cliniques, l’étude jette les bases d’interventions proactives qui pourraient réduire considérablement le fardeau de l’eczéma pour les personnes touchées et leurs familles. L’activation précoce de la voie allergique à seulement deux mois incite également à approfondir les recherches sur les facteurs critiques influençant le développement de l’eczéma. Cette recherche offre l’espoir d’un avenir où des mesures préventives pourront être utilisées à un stade précoce, épargnant potentiellement à d’innombrables enfants et familles les défis posés par cette maladie cutanée chronique.
Références :
- Rapport mondial sur la dermatite atopique 2022 atopicdermatitisatlas.org. (s.d.). Disponible à :https://www.eczemacouncil.org/assets/docs/global-report-on-atopic-dermatitis-2022.pdf.
- www.aad.org. (s.d.). Comment traiter l’eczéma chez les bébés. [en ligne] Disponible sur :https://www.aad.org/public/diseases/eczema/childhood/treating/treat-babies.
- boîte à outils.ncats.nih.gov. (s.d.). Biomarqueurs. [en ligne] Disponible sur :https://toolkit.ncats.nih.gov/module/discovery/developing-translational-research-tools/biomarkers/.
- Berdyshev, E., Kim, J., Kim, BE, Goleva, E., Lyubchenko, T., Bronova, I., Bronoff, A.S., Xiao, O., Kim, J., Kim, S. et Kwon, M., 2023. Les biomarqueurs lipidiques et cytokines de la couche cornée à l’âge de 2 mois prédisent l’apparition future de la dermatite atopique. Journal of Allergy and Clinical Immunology, 151(5), pages 1307-1316.
- Løset, M., Brown, Sara J., Saunes, M. et Hveem, K. (2019). Génétique de la dermatite atopique : de la séquence d’ADN à la pertinence clinique. Dermatologie, [en ligne] 235(5), pp.355-364. est ce que je:https://doi.org/10.1159/000500402.
- Woo, Y.R., Park, S.Y., Choi, K., Hong, E.S., Kim, S. et Kim, H.S., 2020. Pollution de l’air et dermatite atopique (AD) : l’impact des particules (PM10) sur un modèle de souris AD. Journal international des sciences moléculaires, 21(17), p.6079.
- Kim, S.Y., Sim, S. et Choi, H.G., 2017. La dermatite atopique est associée au tabagisme actif et passif chez les adolescents. PloS un, 12(11), p.e0187453.
- Mijaljica, D., Spada, F. et Harrison, I.P., 2022. Nettoyage de la peau sans ou avec compromis : savons et syndets. Molécules, 27(6), p.2010.
- Jaros, J., Wilson, C. et Shi, V.Y., 2020. Sélection de tissus dans la dermatite atopique : une revue fondée sur des preuves. Journal américain de dermatologie clinique, 21, pp.467-482.
- Meštrović-Štefekov, J., Novak-Bilić, G., Kuna, M., Pap, N. et Lugović-Mihić, L., 2018. Stress psychologique chez les patients atteints de dermatite atopique. Acta Dermatovenerologica Croatica, 26(4), pp.
- Engebretsen, K.A., Johansen, J.D., Kezic, S., Linneberg, A. et Thyssen, J.P., 2016. L’effet de l’humidité et de la température environnementales sur la fonction de barrière cutanée et la dermatite. Journal de l’Académie européenne de dermatologie et de vénéréologie, 30(2), pp.223-249.
- Bumbacea, RS, Corcea, SL, Ali, S., Dinica, LC, Fanfaret, IS. et Boda, D., 2020. Allergie aux acariens et dermatite atopique : existe-t-il un lien clair ?. Médecine expérimentale et thérapeutique, 20(4), pp.3554-3560.
- Bosma, A.L.A., Ouwerkerk, W. et Middelkamp‐Hup, M.A., 2021. Les enfants atteints d’eczéma atopique présentant une gravité accrue de la maladie pendant la saison pollinique ont plus souvent le rhume des foins à un jeune âge et un type de peau foncée. Le Journal of Dermatology, 48(4), pages 470-475.
- Musters, AH, Mashayekhi, S., Harvey, J., Axon, E., Lax, S.J., Flohr, C., Drucker, A.M., Gerbens, L., Ferguson, J., Ibbotson, S. et Dawe, R.S., 2021. Photothérapie pour l’eczéma atopique. Base de données Cochrane d’examens systématiques, (10).
- Ebina-Shibuya, R. et Leonard, W.J., 2023. Rôle de la lymphopoïétine stromale thymique dans l’allergie et au-delà. Nature Reviews Immunologie, 23(1), pp.24-37.
- Zhang, Y., Jing, D., Cheng, J., Chen, X., Shen, M. et Liu, H., 2022. L’efficacité et l’innocuité des inhibiteurs de l’IL-13 dans la dermatite atopique : une revue systématique et une méta-analyse. Frontières en immunologie, 13, p.923362.
- Gonçalves, F., Freitas, E. et Torres, T., 2021. Inhibiteurs sélectifs de l’IL-13 pour le traitement de la dermatite atopique. Les drogues en contexte, 10.
- Ratnarajah, K., Le, M., Muntyanu, A., Mathieu, S., Nigen, S., Litvinov, I.V., Jack, C.S. et Netchiporouk, E., 2021. Inhibition de l’IL-13 : une nouvelle voie pour la dermatite atopique. Journal de médecine cutanée et de chirurgie, 25(3), pp.315-328.
