Dissection aortique vs brûlures d’estomac : comment faire la différence

Quand la douleur thoracique signale une catastrophe

Lorsque des douleurs thoraciques surviennent, l’esprit se tourne souvent vers les coupables les plus courants : une indigestion, une tension musculaire ou, plus sérieusement, une crise cardiaque. Ce sont toutes des préoccupations valables et les douleurs thoraciques ne doivent jamais être ignorées. Cependant, il existe une qualité spécifique et indubitable dans la douleur d’une affection rare mais souvent mortelle dont tout le monde devrait être conscient : la dissection aortique.

Cela se produit lorsqu’une déchirure se développe dans la paroi de l’aorte, l’artère la plus grande et la plus vitale du corps. La douleur n’est pas une compression ou une douleur sourde ; il s’agit d’une sensation soudaine et atroce, souvent décrite comme une sensation de déchirure, de déchirure ou de coup de couteau qui irradie de la poitrine directement vers le dos. Lorsque cette douleur particulière apparaît, c’est le signe qu’une urgence médicale se déroule et que chaque seconde compte.

L’aorte

Pour comprendre la dissection aortique, il faut d’abord comprendre l’aorte. Il s’agit de la principale autoroute du corps pour le sang, s’arquant vers le haut et au-dessus du cœur avant de descendre par la poitrine et l’abdomen. Son seul objectif est de recevoir un afflux massif de sang du ventricule gauche du cœur et de le distribuer, sous haute pression, à tous les organes et membres du corps.

L’aorte est un vaisseau redoutable, mais sa structure est étonnamment délicate. Ses murs sont composés de trois couches distinctes :

  • La Tunique Intima :La doublure intérieure lisse qui est en contact direct avec le sang.
  • La Tunique Média :Une couche intermédiaire épaisse et musculaire qui confère à l’aorte sa force et son élasticité.
  • La tunique adventice :La couche extérieure durable qui offre un soutien structurel et une protection.

Dans une aorte saine, ces couches fonctionnent en parfaite harmonie pour résister à l’immense pression de chaque battement cardiaque. Lors d’une dissection aortique, cette harmonie est brisée.

Que se passe-t-il lors d’une dissection aortique

La dissection aortique commence par une petite déchirure de la tunique intima, la couche la plus interne de la paroi artérielle. Cette déchirure initiale, souvent causée par une hypertension artérielle chronique ou une faiblesse de la paroi, permet à un puissant jet de sang de déferler dans la couche intermédiaire (tunique média). Lorsque le sang afflue, il sépare les couches interne et externe de l’aorte, créant ainsi un nouveau faux canal pour la circulation sanguine. Ce processus est une dissection.[2]

La gravité et le traitement d’une dissection aortique dépendent entièrement de sa localisation :

  • Dissection de type A :C’est le type le plus dangereux. La déchirure se produit dans l’aorte ascendante, la section la plus proche du cœur. En raison de la pression directe du cœur et de la proximité des artères critiques alimentant le cerveau et d’autres organes, une dissection de type A est une urgence chirurgicale qui nécessite une intervention immédiate.[3]
  • Dissection de type B :La déchirure se produit dans l’aorte descendante, la section qui traverse la poitrine et l’abdomen. Bien qu’elles soient encore très graves, les dissections de type B sont parfois prises en charge médicalement avec un contrôle agressif de la pression artérielle, plutôt qu’une intervention chirurgicale immédiate.

Sans traitement, le faux canal créé par la dissection peut se dilater, conduisant potentiellement à une rupture catastrophique de la paroi aortique, souvent mortelle.

La douleur

Alors qu’une crise cardiaque se présente généralement comme une pression écrasante ou une douleur de compression, la douleur d’une dissection aortique est unique et a une signature distincte. Elle est décrite comme une douleur soudaine, aiguë et atroce, souvent si intense qu’elle constitue la première expérience d’une personne d’une douleur de cette ampleur. Il est généralement décrit comme :

  • Sensation de déchirure ou de déchirure.
  • Sensation de coup de couteau ou de couteau.
  • Douleur maximale au début, c’est-à-dire qu’elle atteint son intensité maximale presque immédiatement.

Cette douleur commence généralement au centre de la poitrine et irradie vers le dos, remontant souvent entre les omoplates. Cette radiation constitue un différenciateur clé des autres types de douleurs thoraciques. Cela se produit parce que la déchirure s’étend sur toute la longueur de l’aorte.[5]La progression de la dissection le long de l’aorte peut même entraîner un déplacement de la localisation de la douleur au fil du temps. Par exemple, si la dissection s’étend jusqu’à l’abdomen, la douleur peut migrer vers le bas du dos ou l’aine.

Autres signes avant-coureurs

Bien que la douleur soit le symptôme caractéristique, une dissection peut perturber le flux sanguin vers n’importe quel organe, entraînant une foule d’autres symptômes critiques.

  • Syncope ou évanouissement :Si la dissection interrompt le flux sanguin vers le cerveau, elle peut provoquer une perte de conscience soudaine.
  • Symptômes semblables à ceux d’un AVC :La dissection peut provoquer un accident vasculaire cérébral en bloquant les artères qui irriguent le cerveau. Cela peut entraîner une faiblesse ou une paralysie d’un côté du corps, des difficultés à parler ou des changements dans la vision.
  • Différences de pouls ou de pression artérielle :Un signe subtil mais important est une différence significative de tension artérielle entre les deux bras. Cela se produit si la dissection s’étend dans une artère qui irrigue un bras, perturbant ainsi la circulation sanguine.[6]
  • Faiblesse ou paralysie soudaine :Si la dissection bloque le flux sanguin vers la moelle épinière, elle peut provoquer une paralysie soudaine des jambes.

Ces symptômes, en particulier en conjonction avec la douleur caractéristique, sont un signal d’alarme majeur indiquant qu’une dissection aortique est en cours.

Facteurs de risque clés

La dissection aortique ne se produit pas au hasard. C’est souvent le résultat de conditions préexistantes qui affaiblissent la paroi aortique. Les facteurs de risque les plus importants sont :

  • Hypertension (pression artérielle élevée) :L’hypertension artérielle non contrôlée est le facteur de risque le plus courant de dissection aortique. La pression constante exercée sur la paroi aortique affaiblit ses couches au fil du temps, rendant plus probable une déchirure.
  • Troubles du tissu conjonctif :Les troubles génétiques comme le syndrome de Marfan et le syndrome d’Ehlers-Danlos affectent les tissus conjonctifs du corps, y compris les fibres élastiques de l’aorte. Cela rend l’aorte plus fragile et susceptible de se déchirer, même à un plus jeune âge.
  • Valve aortique bicuspide :La valvule aortique comporte généralement trois feuillets. Une valvule bicuspide n’en a que deux, ce qui peut entraîner une contrainte accrue sur la paroi aortique et constitue un facteur de risque courant de dissection.
  • Tabagisme et consommation de cocaïne :Le tabagisme et la consommation de cocaïne peuvent provoquer une augmentation soudaine et sévère de la tension artérielle, susceptible de déclencher une dissection dans une aorte sensible.

Diagnostic et traitement

La dissection aortique est une urgence chirurgicale, et chaque minute qui passe sans traitement augmente le risque de rupture et de décès. Le taux de mortalité augmente de 1 à 2 % chaque heure où le traitement est retardé.

Le diagnostic est confirmé par une imagerie avancée, l’angiographie CT (CTA) étant la méthode la plus courante et la plus rapide. Il fournit une vue détaillée en 3D de l’aorte, permettant aux médecins de localiser précisément la déchirure et l’étendue de la dissection.

Le traitement dépend du type de dissection :

  • Dissection de type A :Cela nécessite une intervention chirurgicale immédiate à cœur ouvert pour réparer la déchirure, remplacer la section endommagée de l’aorte par un greffon synthétique et rétablir la circulation sanguine.
  • Dissection de type B :Ceux-ci peuvent souvent être gérés avec des médicaments destinés à abaisser de manière agressive la tension artérielle et la fréquence cardiaque. Cependant, si la dissection s’étend ou provoque des lésions d’un organe, une intervention chirurgicale ou une procédure endovasculaire moins invasive peut être nécessaire.