Entre un bug et une poussée : trier la diarrhée sanglante aiguë au cours des 48 premières heures

Pourquoi c’est important (et pourquoi c’est difficile)

Le sang dans les selles en cas de diarrhée aiguë chevauche deux voies à enjeux élevés : l’entérocolite infectieuse (où la détection précoce de l’agent pathogène oriente l’isolement et l’administration d’antibiotiques) et la poussée de maladie inflammatoire de l’intestin (où un traitement anti-inflammatoire retardé augmente les complications). Le hic : le même patient peut avoir les deux, par exemple une poussée de colite ulcéreuse déclenchée par Clostridioides difficile ou une dysenterie bactérienne superposée. Votre objectif au cours des premières 48 heures est de stabiliser, de stratifier les risques, d’exclure les infections dangereuses et de choisir une direction thérapeutique que vous pouvez défendre avec des données.[1-6]

Heure 0 à 1 : Stabiliser, isoler et trier les signaux d’alarme

  1. Écran des voies respiratoires, de la respiration, de la circulation et du sepsis.Traitez d’abord le choc ; obtenez un accès de gros calibre et envoyez des laboratoires dès la première prise de sang.[1,5]
  2. Précautions de contactsi vous soupçonnez C. difficile, E. coli producteur de shigatoxines (STEC) ou norovirus.[1,4]
  3. Drapeaux rouges qui dictent le réglage et le rythme :hypotension, déshydratation sévère, syncope, péritonite, suspicion de mégacôlon toxique, hémoglobine < 8 à 9 g/dL avec saignement continu, immunosuppression (stéroïdes, produits biologiques), grossesse, âge avancé avec comorbidités.[1-3,5]
  4. Historique de base (rapide, ciblé) :antibiotiques récents; hospitalisation ou soins de longue durée; immunosuppresseurs/produits biologiques ; voyage; viande insuffisamment cuite, produits laitiers non pasteurisés, produits crus ; expositions sexuelles (par exemple, réseaux HSH et Shigella), contacts malades, exposition à l’eau douce, début et rythme ; activité de base de la MII et schémas de poussées passés.[1–3]

Heure 0 à 6 : commandez une fois, commandez correctement

Laboratoires de référence (statistiques en cas d’instabilité ; routine sinon)

  • CBC avec différentiel, CRP (et/ou ESR), CMP incluant créatinine, électrolytes, enzymes hépatiques ; lactate si souci septique.[1–3]
  • Test de grossesse chez les personnes susceptibles d’être enceintes.
  • Contexte des maladies inflammatoires de l’intestin :En cas de MII connue, obtenez les niveaux minimums de produits biologiques le cas échéant (ne retardez pas les soins d’urgence à ce sujet).[5,6]

Stratégie d’analyse des selles (diarrhée sanglante aiguë chez l’adulte)

  • Panel PCR sur selles multiplexqui couvre les agents pathogènes bactériens (par exemple, Shigella, Salmonella, Campylobacter, Yersinia), les gènes de shigatoxine et les principaux virus/parasites selon la plateforme de votre laboratoire. Un délai d’exécution plus rapide et une sensibilité plus élevée que la culture seule. Interpréter les positifs dans un contexte clinique ; certains panels détectent l’ADN d’organismes non viables.[1–3]
  • Entrez dans le test de toxines(gène par PCR et/ou EIA pour la toxine) avec culture réflexe pour identifier le sérotype STEC. Évitez les antibiotiques et les médicaments antimotilitaires si des STEC sont suspectés (diarrhée sanglante avec crampes sévères, apyrétique, après exposition au bœuf/salade) en raison du risque de syndrome hémolytique et urémique.[1–3]
  • Test de C. difficileen cas d’utilisation récente d’antibiotiques, d’exposition aux soins de santé ou de MII, même si elle est apparue dans la communauté. Suivez l’algorithme de votre laboratoire (TAAN/toxine ou test en plusieurs étapes).[4,5]
  • Tests d’ovules et de parasitesen cas de symptômes persistants, de voyages ou d’épidémies communautaires, ou lorsque le panel manque de parasites.[1–3]

Ne faites pas de thérapie empirique au fusil de chasse.Des résultats précoces et ciblés réduisent les antibiotiques inutiles qui peuvent aggraver les résultats (par exemple, STEC) ou brouiller le tableau des MII.[1–4]

Interpréter les premiers indices : infection ou poussée ?

Il n’existe pas de discriminateur parfait. Utilisez la reconnaissance de formes ainsi que des tests que vous pouvez obtenir dans les 48 heures.

Schéma clinique (utile, non diagnostique)

  • Entérocolite infectieuse :apparition brutale, fièvre, crampes sévères, contacts malades ou voyages, épidémies alimentaires ; douleur du côté droit (par exemple Campylobacter/Yersinia), ténesme marqué à Shigella ; parfois apyrétique avec STEC.[1–3]
  • Poussée de colite ulcéreuse :aggravation progressive des symptômes établis, saignement rectal avec impériosité et ténesme, maladie continue du rectum proximal ; fièvre moins typique, sauf si elle est sévère.[5,6]
  • Poussée de maladie de Crohn :douleur focale ou segmentaire ; quadrant inférieur droit commun ; perte de poids au fil des semaines ; maladie périanale ou fistules.[5,6]

Calprotectine fécale (utile mais chevauchement)

des valeurs nettement élevées (par exemple > 250 à 300 μg/g) soutiennent une inflammation intestinale active, mais l’infection et la poussée de MII peuvent produire des résultats élevés. Une calprotectine très faible (