Outil de dépistage révolutionnaire : une prévision précise de la démence dévoilée

La démence est une maladie neurodégénérative progressive qui affecte la mémoire et les capacités cognitives. Cette maladie touche des millions de personnes dans le monde entier, sans aucun traitement curatif. Lorsqu’il s’agit de démence, les stratégies préventives sont essentielles, car de nouvelles recherches indiquent que la prise en compte de 12 facteurs de risque clés, tels qu’un faible niveau d’éducation,fumeur, ethypertension, pourrait prévenir jusqu’à 40 pour cent des cas de démence.(1,2)

Il est important de savoir que les modèles existants de prévision du risque de démence comportent des limites ; seuls quelques-uns sur 61 ont été validés en externe, avec des performances incohérentes. De plus, la plupart des données proviennent de cohortes nord-américaines, ce qui soulève des incertitudes quant à leur applicabilité à d’autres populations.(3)

Il existe un besoin urgent de nouveaux scores de risque validés en externe, incluant diverses populations. Récemment, des chercheurs ont développé le UK Biobank Dementia Risk Score (UKBDRS), utilisant 11 facteurs de risque pour prédire 80 % des cas de démence près de 14 ans avant leur apparition. Cette étude révolutionnaire a été publiée dans BMJ Mental Health.(4)

Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur ces outils de dépistage de pointe et sur la manière dont ils prédisent le risque de démence avec une grande précision.

Examen des 11 facteurs de risque de démence trouvés dans l’étude

Dans leur étude utilisant les données de santé de la UK Biobank, les chercheurs ont examiné 28 facteurs associés à la démence chez 220 762 personnes âgées en moyenne de 60 ans. Grâce à un suivi de 14 ans, ils ont identifié 11 prédicteurs clés du risque de démence :(5) 

  • Âge
  • Niveau d’éducation
  • Antécédents parentaux de démence
  • Privation matérielle ou pauvreté
  • Histoire dediabète
  • Accident vasculaire cérébral
  • Dépression
  • Hypertension (hypertension artérielle)
  • Taux de cholestérol élevé
  • Vivre seul
  • Genre masculin

Le test de ces facteurs avec 80 pour cent des données de la UK Biobank a prédit avec précision l’incidence de la démence chez 80 pour cent des individus. La validation externe de l’étude Whitehall II (2 934 participants, âge moyen de 57 ans) a révélé un taux d’exactitude de 77 % dans la prévision des cas de démence.(6)

Les tests de sensibilité ont indiqué la forte capacité de l’UKBDRS à prédire le développement de la démence dans un délai de 14 ans. Remarquablement, les performances prédictives de l’UKBDRS étaient comparables à celles du test APOE, un biomarqueur génétique de la démence.(7)

Les tests APOE ont prédit 83 pour cent des cas de démence dans l’échantillon de la UK Biobank et 79 pour cent dans l’étude UK Whitehall II. De plus, l’UKBDRS a surpassé trois autres scores de risque de démence largement utilisés et validés en externe.

Explorer le lien potentiel entre le genre et le risque de démence

Lors de discussions avec des experts médicaux non impliqués dans l’étude, des idées ont été partagées concernant l’association surprenante entre le sexe et le risque de démence, en particulier chez les hommes. Même si les données historiques suggèrent souvent un risque plus élevé deLa maladie d’Alzheimerchez les femmes en raison de leur espérance de vie plus longue, des perspectives récentes mettent en lumière les facteurs potentiels contribuant à un risque accru de démence chez les hommes.

Le Dr Anita Szerszen, directrice du service de gériatrie pour patients hospitalisés à l’hôpital universitaire de Staten Island, a souligné que même si la prévalence de la démence est plus élevée chez les femmes en raison de leur espérance de vie plus longue, certains facteurs liés au mode de vie plus fréquents chez les hommes, comme le tabagisme,consommation excessive d’alcool, et l’exposition professionnelle à des toxines peuvent augmenter leur risque.(8,9)

Pendant ce temps, le Dr Joyce Gomes-Osman, vice-présidente de la thérapie interventionnelle chez Linus Health, a souligné le risque cardiovasculaire plus élevé chez les hommes que chez les femmes et leur tendance à consulter moins fréquemment un médecin, ce qui pourrait contribuer à leur susceptibilité accrue à la démence.(10,11,12)

Ces perspectives offrent des informations précieuses sur la nature multiforme du risque de démence, indiquant l’importance des considérations spécifiques au genre dans la compréhension et la réponse à ce problème de santé complexe.

Examen de l’impact des facteurs psychosociaux sur le risque de démence

D’autres connaissances du Dr Stella Panos, neuropsychologue et directrice de neuropsychologie au Pacific Neuroscience Institute, ont permis de mieux comprendre comment les variables psychosociales contribuent à un risque accru de démence. Il est important de comprendre l’impact multiforme de facteurs tels que le dénuement matériel et le fait de vivre seul sur la santé cérébrale.(13)

Il est nécessaire de souligner l’influence indirecte de ces variables sur la santé cérébrale en limitant l’accès aux soins de santé et aux activités qui soutiennent la santé cardiovasculaire et cérébrale, comme des espaces sûrs pour l’engagement physique, une éducation de qualité et une stimulation cognitive par le biais d’interactions sociales. De plus, il est important de considérer la manière dont ces facteurs, en particulier la privation matérielle, peuvent induire un stress chronique, affectant directement le cerveau via des voies neurotoxiques, notamment le cortisol.(14,15)

De plus, le Dr Panos a également clarifié comment ces aspects psychosociaux pourraient déclencher des changements dans l’expression des gènes, augmentant potentiellement l’activité des gènes pro-inflammatoires, ce qui, au fil du temps, pourrait avoir un impact négatif sur la fonction cérébrale.

Cette perspective perspicace souligne la relation complexe entre les facteurs psychosociaux et la santé du cerveau, en soulignant leur importance dans la compréhension du risque de démence et en plaidant pour des interventions qui s’attaquent à ces influences complexes. 

Dévoilement des restrictions dans les études de prévision des risques de démence

Bien que l’étude ait montré des résultats impressionnants, les informations d’autres professionnels de la santé ont également mis en lumière les limites cruciales de l’étude, malgré sa méthodologie méticuleuse et sa sélection rigoureuse de cohortes. 

Certains experts ont reconnu les points forts de l’étude dans l’utilisation d’une cohorte unique et d’une méthodologie minutieuse. Cependant, il y avait des limites, notamment l’absence de processus cliniques ou d’évaluations de référence pour diagnostiquer la démence au sein de la cohorte. De plus, les divergences dans les dossiers hospitaliers disponibles et les mesures des résultats autodéclarés entre les échantillons de l’étude ont affecté la sensibilité, ce qui a eu un impact sur la fiabilité des comparaisons. 

Reconnaître ces limites est important pour affiner les futures méthodologies de recherche.

Utilisation de la prévision du risque de démence pour le diagnostic et la prévention

Les experts ont souligné qu’il existe un grand potentiel dans l’utilisation de l’UKBDRC comme outil de sélection initiale. Les personnes identifiées comme à haut risque pourraient bénéficier d’un dépistage supplémentaire, comme des évaluations cognitives ou génétiques.(16)

De plus, l’importance d’utiliser cet outil pour permettre aux individus et aux prestataires de soins de cibler et de modifier les comportements de santé avant l’apparition de la démence ne peut être exclue. Compte tenu de l’absence de remède contre la démence, il est essentiel de donner la priorité aux efforts de prévention.

Les chercheurs ont exhorté les prestataires de soins de santé à expliquer d’abord clairement à leurs patients les implications des outils de prédiction de la démence. Il est également nécessaire d’assurer un suivi approprié pour aider les individus à adapter leurs comportements et à atténuer leurs risques.(17)

Conseils pour réduire le risque de démence

Réduire le risque de démence d’une personne implique d’adopter un mode de vie sain et de faire des choix qui favorisent la santé cérébrale. Voici plusieurs conseils pour aider à réduire le risque de développer une démence : 

  1. Restez mentalement actif :Participez à des activités qui stimulent votre esprit, comme la lecture, des puzzles, l’apprentissage de nouvelles compétences ou la poursuite de passe-temps. La stimulation mentale peut aider à développer la réserve cognitive et potentiellement réduire le risque de démence.(18) 
  2. Restez socialement engagé :C’est une bonne idée de maintenir des liens sociaux solides et de rester engagé avec la famille, les amis ou les groupes communautaires. L’interaction sociale peut aider à prévenir les sentiments d’isolement et à stimuler les fonctions cérébrales.(19)
  3. Suivez une alimentation équilibrée :Adopter unalimentation sainequi est riche enfruits, légumes, les grains entiers, les protéines maigres et les acides gras oméga-3 sont une bonne idée. Un régime de type méditerranéen, connu pour ses qualités de protection du cerveau, peut réduire le risque de déclin cognitif.(20)
  4. Faites de l’exercice régulièrement :Régulieractivité physiqueest crucial pour la santé de votre cerveau. Essayez de faire au moins 150 minutes d’exercice d’intensité modérée chaque semaine. Des activités commemarche rapide,natation, ou la danse peut améliorer le flux sanguin vers le cerveau et favoriser le bien-être général.(21)
  5. Contrôlez vos facteurs de risque cardiovasculaire :Gérer des conditions telles que l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie etobésité. Ces conditions peuvent augmenter votre risque de démence, il est donc essentiel de maintenir un mode de vie sain et de consulter un médecin si nécessaire.(22)
  6. Ne négligez pas une bonne nuit de sommeil :Donnez la priorité à un sommeil suffisant, en visant au moins sept à neuf heures par nuit. Un sommeil de qualité est vital pour la santé du cerveau et contribue à consolider la mémoire et les fonctions cognitives.(23)
  7. Limitez votre consommation d’alcool :Une consommation excessive d’alcool peut altérer les fonctions cognitives et augmenter le risque de démence. La modération ou l’évitement de la consommation d’alcool est conseillé pour la santé du cerveau.(24)
  8. Évitez de fumer : Fumeurest liée à un risque accru de déclin cognitif et de démence. Arrêter de fumer peut avoir des effets bénéfiques importants sur la santé globale, notamment sur la santé cérébrale.(25)
  9. Protégez votre tête :Prévenez les traumatismes crâniens en portant un casque lors d’activités comme faire du vélo ou participer à des sports de contact afin de réduire le risque de traumatisme crânien, qui a été associé à un risque plus élevé de démence.

Conclusion 

Le développement d’outils de dépistage de pointe, tels que le UK Biobank Dementia Risk Score (UKBDRS), marque une avancée significative dans la prévision du risque de démence avec une précision remarquable. Cet outil innovant, intégrant 11 facteurs de risque clés, démontre un potentiel prometteur en prévoyant jusqu’à 80 pour cent des cas de démence jusqu’à 14 ans avant leur apparition. Malgré certaines limites de l’étude, l’UKBDRS offre une opportunité précieuse d’identification précoce, permettant des interventions ciblées et des modifications du mode de vie pour atténuer le risque de démence. Sa grande précision souligne une avancée cruciale dans la gestion proactive de la démence. 

Références :

  1. Méndez, M.F. et Cummings, J.L., 2003. Démence : une approche clinique. Butterworth-Heinemann. 
  2. Livingston, G. Comité. The Lancet, 396 (10248), pages 413-4
  3. Hou, X.H., Feng, L., Zhang, C., Cao, XP, Tan, L. et Yu, J.T., 2019. Modèles de prévision du risque de démence : une revue systématique. Journal de neurologie, neurochirurgie et psychiatrie, 90(4), pp.373-379.
  4. Anatürk, M., Patel, R., Ebmeier, K.P., Georgiopoulos, G., Newby, D., Topiwala, A., de Lange, AMG, Cole, J.H., Jansen, MG, Singh-Manoux, A. et Kivimäki, M., 2023. Développement et validation d’un score de risque de démence dans la biobanque britannique et Whitehall II cohortes. BMJ Ment Santé, 26(1).
  5. Biobanque britannique (2019). Biobanque britannique. [en ligne] Ukbiobank.ac.uk. Disponible à :https://www.ukbiobank.ac.uk/.
  6. UCL (2019). Salle Blanche II. [en ligne] Institut d’épidémiologie et de soins de santé. Disponible à :https://www.ucl.ac.uk/epidemiology-health-care/research/epidemiology-and-public-health/research/whitehall-ii.
  7. Institut national sur le vieillissement. (2023). Fiche d’information sur la génétique de la maladie d’Alzheimer. [en ligne] Disponible sur :https://www.nia.nih.gov/health/genetics-and-family-history/alzheimers-disease-genetics-fact-sheet.
  8. www.northwell.edu.(s.d.). Anita B. Szerszen, DO | Santé Northwell. [en ligne] Disponible sur :https://www.northwell.edu/find-care/find-a-doctor/internal-medicine/dr-anita-b-szerszen-do-11366162[Consulté le 16 décembre 2023].
  9. CDC (2019). La vérité sur le vieillissement et la démence | CDC. [en ligne] www.cdc.gov. Disponible à :https://www.cdc.gov/aging/publications/features/Alz-Greater-Risk.html.
  10. linushealth.com.(s.d.). Agissez contre la démence : interventions basées sur le mode de vie et la santé. [en ligne] Disponible sur :https://linushealth.com/blog/take-action-against-dementia-cognitive-testing-reduce-risk-factors[Consulté le 16 décembre 2023].
  11. Bots, S.H., Peters, S.A. et Woodward, M., 2017. Différences sexuelles dans la mortalité par maladie coronarienne et accident vasculaire cérébral : une évaluation mondiale de l’effet du vieillissement entre 1980 et 2010. BMJ global health, 2(2), p.e000298.
  12. Wang, Y., Hunt, K., Nazareth, I., Freemantle, N. et Petersen, I., 2013. Les hommes consultent-ils moins que les femmes ? Une analyse des données de médecine générale collectées régulièrement au Royaume-Uni. BMJ ouvert, 3(8), p.e003320.
  13. Institut des neurosciences du Pacifique. (s.d.). Stella Panos, PhD. [en ligne] Disponible sur :https://www.pacificneuroscienceinstitute.org/people/stella-panos/[Consulté le 16 décembre 2023].‌
  14. Rawtaer, I., Gao, Q., Nyunt, MSZ, Feng, L., Chong, MS, Lim, WS, Lee, TS, Yap, P., Yap, KB. et Ng, T.P., 2017. Risque psychosocial et facteurs de protection et incidents de troubles cognitifs légers et de démence chez les personnes âgées vivant dans la communauté : résultats de l’étude longitudinale de Singapour sur le vieillissement. Journal de la maladie d’Alzheimer, 57(2), pp.603-611.
  15. Bernhardt, T., Seidler, A. et Frölich, L., 2002. L’effet des facteurs psychosociaux sur le risque de démence. Fortschritte der Neurologie-psychiatrie, 70(6), pp.283-288.
  16. Tang, E.Y., Harrison, S.L., Errington, L., Gordon, M.F., Visser, P.J., Novak, G., Dufouil, C., Brayne, C., Robinson, L., Launer, L.J. et Stephan, B.C., 2015. Développements actuels dans la modélisation de la prédiction du risque de démence : une revue systématique mise à jour. PloS un, 10(9), p.e0136181.
  17. Stephan, B.C., Kurth, T., Matthews, F.E., Brayne, C. et Dufouil, C., 2010. Prédiction du risque de démence dans la population : les modèles de dépistage sont-ils précis ?. Nature Reviews Neurologie, 6(6), p.318.
  18. Marioni, R.E., Proust-Lima, C., Amieva, H., Brayne, C., Matthews, F.E., Dartigues, J.F. et Jacqmin-Gadda, H., 2015. Activité sociale, déclin cognitif et risque de démence : une étude de cohorte prospective sur 20 ans. Santé publique BMC, 15(1), pp.1-8.
  19. Solfrizzi, V., Panza, F., Frisardi, V., Seripa, D., Logroscino, G., Imbimbo, B.P. et Pilotto, A., 2011. Alimentation et facteurs de risque ou prévention de la maladie d’Alzheimer : les preuves actuelles. Revue d’experts en neurothérapeutique, 11(5), pp.677-708.
  20. Larson, E.B., Wang, L.I., Bowen, J.D., McCormick, W.C., Teri, L., Crane, P. et Kukull, W., 2006. L’exercice est associé à un risque réduit de démence incidente chez les personnes de 65 ans et plus. Annales de médecine interne, 144(2), pp.73-81.
  21. Fillit, H., Nash, DT, Rundek, T. et Zuckerman, A., 2008. Facteurs de risque cardiovasculaire et démence. Le journal américain de pharmacothérapie gériatrique, 6(2), pp.100-118.
  22. Benito‐Leon, J., Bermejo‐Pareja, F., Vega, S. et Louis, E.D., 2009. Durée quotidienne totale du sommeil et risque de démence : une étude prospective basée sur la population. Revue européenne de neurologie, 16(9), pp.990-997.
  23. Wiegmann, C., Mick, I., Brandl, E.J., Heinz, A. et Gutwinski, S., 2020. Alcool et démence : quel est le lien ? Une revue systématique. Maladie neuropsychiatrique et traitement, pp.87-99.
  24. Anstey, K.J., von Sanden, C., Salim, A. et O’Kearney, R., 2007. Le tabagisme comme facteur de risque de démence et de déclin cognitif : une méta-analyse d’études prospectives. Journal américain d’épidémiologie, 166(4), pp.367-378.

Lire aussi :

  • Signes avant-coureurs de la démence
  • Médicaments menant à la démence
  • Accident vasculaire cérébral ou démence : des différences à connaître
  • Comment la démence vous tue-t-elle ?
  • 7 étapes de la démence et sa progression
  • Les femmes qui prennent des suppléments de calcium courent-elles un risque accru de démence ?
  • Guide du soignant pour la démence